Jusqu'à hier soir, aucun signe n'indiquait que l'affaire aura une fin heureuse. L'ultimatum donné aux ravisseurs prend fin aujourd'hui, mercredi à 13h. Boghni était hier une ville morte. La grève générale à laquelle ont appelé les villageois d'Aït Koufi a été largement suivie. La mobilisation citoyenne s'amplifie. Parallèlement, un grand rassemblement a été observé. Les milliers de présents ont par la suite marché vers le siège de la daïra où une délégation a été reçue par le premier responsable de la circonscription de Boghni. «La rencontre avec le chef de daïra est une façon de mettre tout le monde devant ses responsabilités, y compris les services de sécurité», affirmait un villageois après la marche. Cependant, le fait nouveau dans cette affaire est la création d'une coordination des comités de villages de la daïra de Boghni. Cette structure dont le rôle est de gérer ce type de problème, comprend les comité des communes de Boghni, Aït Mendas, Bounouh, Assi Youcef et Mechtras. La création de cette mégastructure d'urgence a donné lieu, durant la même journée d'hier, à une réunion où le délai donné aux ravisseurs a été prolongé de vingt-quatre heures. La prorogation prend fin aujourd'hui, mercredi à 13h. «Il est clair que nous nous dirigeons vers le cas de Iflissen», affirmait un autre citoyen de la région. Il faisait référence à la mobilisation des citoyens de cette région littorale (Tigzirt) qui en sont arrivés à organiser une battue dans les massifs forestiers de Mizrana et de Yakouren. Hier à Boghni, le ras-le-bol était visible sur tous les visages. «Nous en avons marre de cette situation. Notre région souffre de l'insécurité depuis des années», grondait un vieil homme. Selon certains témoignages recueillis, les populations de ce versant de la wilaya ont connu ce genre de pratiques des dizaines de fois. «Il n'y a pas que cinq kidnappings, d'autres se sont fait dépouiller mais, ils ont préféré garder le silence», révélait un autre. En effet, si les citoyens de Boghni sont en colère, c'est parce que la région est connue pour l'insécurité qui y règne depuis près d'une décennie. Des dizaines de véhicules volés, autant d'agressions à l'arme blanche et à l'arme à feu contre de simples citoyens sont des faits rapportés quotidiennement par la presse. Ce qui, par ailleurs, rajoute à la misère de la population, c'est la prolifération des lieux de débauche dans la région. Le kidnapping de l'octogénaire n'est que la goutte qui a fait déborder le vase. Cet ultime acte qui risque d'envenimer la situation a mobilisé les villageois de toutes les communes environnantes. «Nous vivons tous sous la menace de ces groupes. Nous sommes solidaires des gens d'Aït Koufi. Nous irons avec eux jusqu'au bout», déclarait un jeune de la région de Assi Youcef. Hier, le sujet était également sur toutes les lèvres dans la ville de Tizi Ouzou. L'inquiétude était apparente car ces actes, même s'ils sont plus récurrents dans cette région, se sont déroulés à travers plusieurs communes de la wilaya. L'insécurité est devenue la première préoccupation des populations. A Aït Toudert, dans la région des Ouacifs, à Iflissen dans la daïra de Tigzirt, aux Ouadhias et à Azazga, le phénomène des kidnappings n'épargne plus aucune localité. Certains n'hésitent plus à lier cet état de fait au retard accumulé par la wilaya quant à son développement économique. «Quel est cet investisseur qui oserait mettre les pieds dans cette région?», s'interrogeait un citoyen dans un café de la ville de Tizi Ouzou. L'inquiétude et l'angoisse qui règnent ces jours, à Boghni, risquent de se prolonger si cette affaire ne trouve pas un dénouement dans les jours qui viennent. Ce climat délétère risque également d'évoluer négativement et mener vers une situation catastrophique. Jusqu'à hier soir, aucun signe n'annonçait un dénouement heureux de l'affaire. L'ultimatum prévoit une réunion à la même heure pour décider des suites à donner à leur mouvement de solidarité. Le bras de fer demeure encore en vigueur.