L'armée française n'aurait pas dû s'impliquer dans la guerre de 1954 à 1962. Quarante ans après le cessez-le-feu qui a mis fin à la Guerre d'Algérie, un sondage d'opinion mené par CSA et publié hier par L'Humanité révèle que sept Français sur dix estiment que le gouvernement de leur pays a eu tort de mener la guerre durant sept ans en Algérie. Ainsi 71% des Français âgés de plus de 15 ans ont trouvé que l'armée française n'aurait pas dû s'impliquer dans la guerre de 1954 à 1962 qui a engendré des centaines de milliers de morts, des blessés à vie et des dégâts énormes dans les deux camps. En revanche, 19% de Français croient toujours que leur gouvernement a eu raison «parce qu'il aurait fallu que l'Algérie reste dans la République française». Toujours pour célébrer le 19 Mars, le maire PS de Paris, Bertrand Delanoë, a dévoilé la première plaque du Mémorial que la capitale va dédier aux soldats parisiens morts ou disparus en Afrique du Nord de 1952 à 1962, dans le cimetière du Père Lachaise. La cérémonie s'est déroulée devant plusieurs centaines d'anciens combattants portant leurs oriflammes, appartenant principalement à la Fnaca, la plus importante association d'anciens combattants avec 370.000 adhérents. Le Mémorial, qui devrait être achevé dans six mois, se présentera sous la forme d'une stèle symbolisant un livre du souvenir de 2,80 m de haut et portant l'inscription: «La ville de Paris à ses militaires morts et disparus pendant la Guerre d'Algérie et les combats de Tunisie et du Maroc, 1952-1962, n'oublions pas.» Le même jour, plusieurs centaines de Français rapatriés d'Algérie, d'anciens combattants et de harkis, supplétifs algériens de l'armée française, ont manifesté à Marseille contre le choix du 19 mars, comme date de la commémoration de la fin de la Guerre d'Algérie. Présent au rassemblement, le président de la Fédération des harkis des Bouches-du-Rhône, Makhlouf Habbaz a déclaré que le 19 Mars 1962 est la date officielle du cessez-le-feu de la Guerre d'Algérie, avec la signature des Accords d'Evian. Mais, dira-t-il, «le 19 mars est une date douloureuse, qui n'a jamais marqué le cessez-le-feu», faisant allusion aux harkis qui avaient été tués en Algérie juste après 1962. Sur ce point, l'ancien ministre du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) a déclaré cette semaine que «l'opinion française sera étonnée de savoir qu'un nombre considérable de harkis sont restés en Algérie où ils ont mené une vie normale», il a même révélé que «certains harkis se sont glissés dans les arcanes du pouvoir et occupent aujourd'hui des postes importants». Par ailleurs, à Nice, sur la Côte d'Azur, une trentaine de personnes, dont plusieurs membres du Front national, mouvement d'extrême droite, a perturbé une cérémonie de commémoration. Les manifestants ont notamment crié «traîtres» au moment où le directeur de cabinet du préfet des Alpes Maritimes déposait une gerbe de fleurs au Monument aux morts.