«Je suis un être simple qui rêve de vie et de mort. J'aspire à la liberté mais je ne la rencontre pas...» Dans Under exposure, on devine facilement que Hassen, le réalisateur mis en scène, n'est autre que Rachid Ody lui-même. Un regard très intimiste et personnel qu'il porte sur Baghdad au lendemain de l'invasion américaine. Filmer, collecter des informations sur les événements qui secouent la capitale irakienne pour informer ses amis sur la situation chaotique. «Je ne suis pas certain de survivre» est la phrase qu'il couche sur son bloc-notes. Ce film, poignant à plus d'un titre, dévoile un portrait triste de ce qu'a engendré la guerre à travers des routes défoncées et des regards hagards. Under exposure est la caméra qui tourne constamment sans éclairage pour mieux montrer à quel point Baghdad a besoin de lumière...Un film qui a mérité largement son prix. A voir absolument. L'on comprend aisément le pourquoi du discours bouleversant et chargé de peine de Samar Kahatan Mehdi dans cet entretien... L'Expression: Tout d'abord félicitations! Le Prix du meilleur scénario est revenu à Under exposure, de l'Irakien Oday Rachid. Vos impressions à chaud... Samar Kahatan Mehdi: Je dirais «mabrouk» au peuple irakien. Je veux dire au sang qui coule en Irak c'est aussi le nôtre, à travers nos oeuvres cinématographiques. Je dis aux Irakiens que nous combattons à notre façon à vos côtés. Nous controns tous ceux qui s'opposent à notre terre sainte. Je suis très content d'avoir reçu cette récompense comme meilleur scénario pour film Ghair Saleh lilaârd. Cela prouve que le film a trouvé du répondant chez le public algérien qui l'a reçu de façon juste et a ressenti sa souffrance et sa douleur. Je dirais merci à Oran, à l'Algérie et au Festival international du film arabe. Et merci aux comédiens du film Under exposure.. Pourriez-vous vous présenter au public algérien? Je suis Samar Kahatan, une personne qui s'intéresse à l'interprétation au théâtre et au cinéma. Je souhaite devenir acteur. Je suis encore au stade des études. Je suis un Irakien qui a perdu plusieurs de ses proches en Irak et je continue à vivre là-bas après ces années de guerre qui se sont passées chez nous. Je continue à voir couler, quotidiennement, le sang irakien. Je suis un être simple qui rêve de vie et de mort. J'aspire à la liberté mais je ne la rencontre pas. J'aime l'Algérie, comme un deuxième pays. J'aime aussi Baghdad. Elle est une souffrance collée à ma poitrine. L'Irak est un pays défiguré par les guerres. Comment peut-on réaliser des films et faire du cinéma ou tout autre forme artistique là-bas? Malgré tout ce qui se passe en Irak, resteront le cinéma, le théâtre, mains aussi la littérature et les arts plastiques debout, afin d'oeuvrer pour rendre compte de ce qui s'est passé et de ce qui se passera plus tard...Je n'ai pas d'arme dans les mains sauf la parole. Et nous disons que nous allons combattre l'ennemi irakien par nos oeuvres artistiques qui ne s'arrêteront jamais. Nous déploierons tout ce qui est de notre devoir pour ne pas baisser les bras et crier haut et fort à la face du monde ce qui a eu lieu en Irak...C'est notre façon de résister et rendre compte du sang qui coule... Quelle est la situation du cinéma en Irak? Il n'existe aucune salle de cinéma en Irak, à l'exception d'une, qui n'est pas valable. Deux films ont été réalisés, juste après la dernière guerre et l'invasion américaine...Il s'agit des films Ghair Saleh de Oday Rachid et Ahlam de Mohamed El Derradji. Ce sont les seuls films tournés en Irak. Il existe d'autres films irakiens qui ont été tournés à l'extérieur. J'espère que le peuple irakien connaîtra de nouveau la stabilité sécuritaire pour qu'on puisse tourner, de nouveau, des films. Pour l'amour de l'Irak.