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Le cri d'Icheridhène
CENT CINQUANTENAIRE DE LA RESISTANCE POPULAIRE DE 1857
Publié dans L'Expression le 19 - 08 - 2007

L'Histoire est la mémoire des peuples. C'est tout ce qui reste à l'individu lorsqu'il a tout perdu. La Kabylie, à l'instar des autres régions de l'Algérie, a connu des événements dramatiques, notamment, vers la seconde moitié du XIXe siècle. Comme toutes les autres dates noires du colonialisme celle de 1857 reste aussi l'une des dates les plus cruciales qui marquent la présence française en Algérie. Icheridhène!
Ce village dans la haute Kabylie, aux environs de Tizi Ouzou, a résisté héroïquement aux nombreuses tentatives d'occupation des Français. Grâce à la bravoure de ses hommes et femmes, ce village a enregistré des succès militaires considérables.
La bataille d'Icheridhène, demeurée célèbre dans les pages de la résistance algérienne, en est une preuve.
En effet, la pénétration française dans le massif kabyle a été brutale, certainement à la mesure de l'opposition farouche des rudes montagnards face à l'armée coloniale et qui ont défendu avec courage leur attachement à la terre ancestrale. Cependant, le courage n'aura pas suffi à ces hommes et femmes pourtant trempés dans l'acier et leur village tombera à son tour dans les rets de la colonisation. La stratégie coloniale passe désormais de la phase de soumission de collectivités villageoises très résistantes à la phase qui consiste à miner le fondement même de leur force qui est la cohésion sociale.
La bataille d'Icheridhène
Une victoire à la Pyrrhus. L'ennemi a réussi à soumettre le village à son joug mais en contrepartie il a subi des pertes considérables. Malheureusement, Icheridhène n'en succombera pas moins. En 1856, l'armée française a renforcé ses rangs par deux corps de division.
Le gouverneur général Randon parvient à atteindre le 24 mai 1857 le coeur de la région kabyle. Il jeta les bases d'une forteresse,
Fort-Napoléon, devenue plus tard «Fort-National», qui surveillerait le massif.
Malgré cette stratégie de surveillance, le plus difficile restait à faire, ce n'était pas facile de dominer la région d'Ath Yenni, très peuplée, ainsi que le contrôle du village d'Icheridhène, à sept kilomètre au sud-est de Larba Nath Iraten et situé sur une crête de 1065 mètres.
Les habitants de la région avaient été mis en état de défense, non pas le village même d'Icheridhène mais une position à 500 mètres au-delà, une ligne de retranchement parfaitement invisible à l'ennemi.
Le premier «feu» de l'artillerie de l'armée française n'eut aucun résultat, et puis l'ordre fut donné d'attaquer la position même d'Icheridhène. «Lorsque nos soldats arrivent à 150 mètres des retranchements ennemis, les Kabyles qui, jusque-là n'avaient pas tiré, ouvrent un feu roulant formidable: nos têtes de colonnes tombent fauchées, en quelques minutes plus de 300 hommes ont été atteints. L'élan de nos troupes est arrêté net malgré les efforts des officiers», selon le témoignage du colonel Robin, témoignage retrouvé dans les archives coloniales. Or, l'arrivée de renforts considérables allait avoir raison des défenseurs de la position. Plusieurs assauts et des luttes au corps-à-corps et le village d'Icheridhène fut enlevé par des troupes ennemies, mais au prix de pertes considérables.
Lalla Fadhma N'soumer
«N'soumer» ajouté au nom de l'héroïne kabyle est consécutif à son passage au village N'soumer de Tirourda où elle a vécu une assez longue période.
Lalla Fadhma N'soumer est issue d'une famille de marabouts conservateurs dont le père est Sidi M'hamed Ben Aïssa, m'kedem de la confrérie du saint cheik Sidi M'hamed Ameziane, de la la tariqa Rahmania dans le village Ourdja au douar Illilten, d'Iferhounène
Ayant su imposer ses principes et ses décisions avec conviction, Lalla Fadhma N'soumer avait acquis le respect de tous ses pairs, hommes et femmes. «La liberté est une chose sacrée, elle ne se marchande pas», disait-elle. A la mort du chérif Boubaghla, elle ne s'arrêta pas mais poursuivit la résistance, prenant même la tête du combat, livrant plusieurs batailles contre les troupes françaises, dont la plus importante fut et resta la bataille d'Icheridhène qui eut lieu le 24 juin 1857 à Larbaâ Nath Irathen.
Toutefois, l'inégalité des forces avait entraîné la défaite des insurgés. Elle se retira alors dans les monts du Djurdjura où elle constitua des groupes de combattants rapides, les premiers maquisards des temps anciens, chargés de suivre les arrières de l'armée française et de leur couper la route des communications et des renforts.
«Aujourd'hui, des personnes ont laissé tomber l'agitation de leur humble mission pour restaurer le devoir de mémoire, militer pour la paix et s'engager dans la réhabilitation des structures de nos sociétés où les institutions ont été discréditées. L'actualité nous donne à comprendre la nature des enjeux politiques», a déclaré M.Chenoun.
Après la découverte d'une fosse commune pleine de squelettes lors du terrassement d'un terrain pour la construction d'un centre culturel au niveau du village d'Icheridhène les choses ont commencé à bouger et les gens à s'interroger pour passer à l'action «Ce travail collectif et spontané a fait bouger Icheridhène avec des actions individuelles de chacun, de son propre engagement personnel et intime à faire évoluer les choses. Médiatisons donc cette initiative!», indique-t-on dans les milieux proches du village. «L'objectif est de répertorier des idées éparses d'engagement individuel ´´citoyen´´ afin que chaque citoyen reconnaisse le testament de ses aïeux. Pour travailler dans de meilleures conditions et faire son devoir, nous voulons plus de respect pour la dignité humaine. Je profite de cette occasion pour rendre hommage à M. le président de la République qui était à l'écoute de nos aspirations et pour avoir placé cet événement sous son patronage.» a souligné d'autre part M.Chenoun, membre du comité d'organisation des cérémonies commémoratives du 150e anniversaire de la bataille d'Icheridhène.


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