La situation est aussi tendue au nord du Niger où le président Amadou Tandja a décrété l'état d'urgence. La situation est tendue au nord du Mali. Pas plus tard que dimanche dernier, quinze militaires maliens ont été enlevés à Tédjérète (nord-est) par des hommes armés qui auraient pris la direction de la frontière avec le Niger, selon l'armée malienne. Les assaillants ont embarqué de force 23 militaires qui faisaient partie de l'escorte de l'équipe de techniciens civils chargée de la lutte contre les criquets pèlerins. Peu après leur départ, ils ont relâché huit soldats dix kilomètres plus loin et sont partis avec les quinze restants. Plusieurs de ces sources ont attribué l'enlèvement aux hommes de Ibrahim Ag Bahanga, un rebelle touareg malien dissident, qui avait attaqué le 11 mai dernier un poste de sécurité dans le nord-est du Mali, faisant 10 morts parmi les militaires, avant de trouver refuge chez les rebelles touareg du Mouvement nigérien pour la justice (MNJ). La semaine dernière, son beau-père Hama Ag Sidahmed, également en rupture de ban avec la rébellion touarègue malienne, avait annoncé la naissance de l'Alliance-Touareg-Niger-Mali (ATNM), une union entre les ex-rebelles touareg du Mali et le MNJ «avec des objectifs et des revendications communs». A noter que l'enlèvement des militaires maliens, survient au lendemain de l'annonce par le ministère malien des Affaires étrangères de la tenue prochaine, à l'initiative du Mali et de la Libye, d'un sommet des chefs d'Etat de la bande saharo-sahélienne sur les problèmes de sécurité. D'autant plus que la situation est aussi tendue au nord du Niger où le président Amadou Tandja a décrété un état d'urgence depuis quelques jours. La région est le théâtre, depuis février, d'affrontements meurtriers entre l'armée gouvernementale et des rebelles touareg du MNJ qui réclament une meilleure insertion des Touareg dans l'armée. Niamey a dépêché dimanche dernier deux délégations à Tripoli et Khartoum, pour désamorcer la crise. En Libye, le Premier ministre Seyni Oumarou et les officiers supérieurs de l'armée nigérienne qui l'accompagnent tenteront sans doute de convaincre le guide de la révolution, Mouammar Kadhafi, médiateur de la Communauté des Etats sahélo-sahariens (Cen-Sad) de s'impliquer résolument dans la crise du nord du Niger en mettant notamment la pression sur les rebelles pour qu'ils libèrent le reste des otages, une trentaine, et ensuite de déposer les armes, alors qu'au Soudan, il sera plutôt question de solliciter une aide militaire. Un autre facteur qui joue en faveur du Niger, c'est le fait que le dossier de la rébellion touarègue fait l'objet d'une véritable concurrence entre Alger et Tripoli. Il convient de rappeler que l'année dernière l'Algérie a réussi à réunir autour d'une même table les responsables maliens et les chefs de la rébellion touarègue. Une rencontre qui a permis de désamorcer la crise. Cependant, les manoeuvres du dirigeant libyen dans la région sahélo-saharienne pourraient de nouveau attiser les tensions.