Les USA affirment ne pas avoir l'intention d'implanter une base au long des frontières algéro-maliennes. Le président malien, Amadou Toumani Touré, se rendra prochainement à Alger. La lutte antiterroriste dans la région du Sahel, l'immigration clandestine et bien sûr la «révolte des touareg» seront au menu des discussions qui auront lieu entre Amadou Toumani Touré et le président algérien, Abdelaziz Bouteflika. Cette visite non confirmée officiellement par les deux pays, a été paradoxalement annoncée, jeudi, par le secrétaire d'Etat adjoint américain John Negroponte en visite au Mali. «J'ai cru comprendre que le président du Mali (Amadou Toumani Touré) se rendrait bientôt en Algérie et que le problème de sécurité (le long des frontières entre les deux pays) sera abordé. C'est un domaine sur lequel nous aimerions travailler avec les deux gouvernements», a-t-il annoncé à la presse. Les Etats-Unis souhaitent accroître leurs relations avec l'Afrique de l'ouest dans le domaine de la sécurité, particulièrement avec le Mali et l'Algérie, sans pour autant avoir l'intention d'installer une base militaire au long des frontières entre les deux pays. C'est du moins ce qui ressort de l'intervention du représentant américain. «La présence américaine dans le nord du Mali se limite à la formation et aux exercices conjoints. Et ce, en dépit de la présence dans cette zone d'un chef rebelle touareg malien qui a récemment repris les armes et, du côté algérien, de la Branche armée d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Baqmi)». La présence américaine dans le nord malien «n'est pas une présence militaire», a-t-il précisé. Il faut savoir que les Etats-Unis forment depuis 5 ans dans le nord du Mali, notamment à Tombouctou, des troupes maliennes à la lutte contre le banditisme et le terrorisme, dans le cadre de l'initiative Pan-Sahel. Les Etats-Unis ont intensifié, ces dernières années, leur coopération militaire avec le Mali. Il y ont, notamment, co-organisé des exercices antiterroristes, Washington considérant la zone frontalière algéro-malienne du Sahara comme une zone d'activité de l'ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc), rebaptisé Al Qaîda au Maghreb. Les précisions exprimées par John Negroponte ne sont pas fortuites. Ce dernier a voulu rassurer l'Algérie quant à la présence américaine au Mali. En effet, la presse malienne a rapporté que l'Algérie a profité des travaux de la dixième session de la commission mixte de coopération Algérie-Mali qui s'est tenue à Bamako du 17 au 27 octobre pour exhorter le Mali à «se passer des présences étrangères dans les zones frontalières». Le représentant algérien aurait clairement affirmé au responsable malien que «tout irait pour le mieux et la paix reviendra si le Mali adhère à cette démarche.» En plus de la question sécuritaire liée à la lutte antiterroriste, la zone frontière entre les deux pays est sous la menace permanente des opérations menées par le groupe armé des Touareg. En dépit d'un accord de paix signé en juillet 2006 à Alger, les Touareg dirigés par Ibrahim Ag Bahanga ont multiplié les opérations contre l'armée dans le nord-est du Mali, enlevant notamment une cinquantaine de personnes. Depuis un mois, une trêve est respectée sur le terrain. Le président malien est confiant: «Cette trêve doit nous donner le temps et les moyens de pouvoir trouver une solution pacifique, je crois qu'elle est meilleure pour eux, pour nous, pour la communauté touarègue, pour le Mali et surtout pour la sous-région», a-t-il estimé. Une déclaration qui n'a pas pour autant rassuré les pays limitrophes du Mali. La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), s'est déclarée, cette semaine, à Ouagadougou «préoccupée» par la situation sécuritaire au nord du Mali et du Niger, où des groupes rebelles touareg sont entrés en dissidence depuis plusieurs mois.