Choquée par ce qui s'était passé à Batna et encore plus par l'attentat kamikaze de Dellys, la population essaie de vaincre l'angoisse. Le carnage de Dellys a fait le tour de la Kabylie. Les photos parues hier dans la presse, montrant l'état des lieux, a provoqué une réelle émotion parmi les populations. Hier, la population de Tizi Ouzou était penchée sur les journaux pour essayer de lire les photographies et apprendre ainsi davantage sur le triste et douloureux attentat. Tout le monde avait beaucoup de compassion pour ces militaires qui ont été rudement frappés au moment de la levée des couleurs. On était atterré par les ravages que le véhicule kamikaze avait fait au sein de cette caserne. On essaie de lier les deux attentats, celui de Batna et celui de Dellys et l'on n'oublie pas l'attentat de Lakhdaria, dont le scénario ressemble à s'y méprendre à celui qui avait ciblé Dellys. Dans ces deux attentats, les criminels ont usé du même stratagème et dans les deux cas les militaires étaient visés lors du rassemblement pour la levée des couleurs. A Dellys, la ville redevenue calme, panse ses blessures mais arrive difficilement à oublier la catastrophe de la veille. Les citoyens et, notamment les riverains de la caserne ont vu leurs maisons souffrir du fait du souffle de l'explosion et l'on est encore à demander des nouvelles de citoyens blessés. On évoque ainsi ce citoyen venu aux nouvelles et blessé grièvement par une tuile qui s'était détachée d'un immeuble, comme on loue la vigilance des forces de l'ordre qui, sans perdre une minute, se sont occupés des blessés transférés aux hôpitaux de la région (Dellys, Bordj Ménaïel et Tizi Ouzou), alors que d'autres ont été conduits à Aïn Naâdja, à Alger. La ville essayait de montrer son visage coutumier, mais hélas, les populations ne pouvaient pas ne pas penser aux dizaines de morts et de blessés. Les visages sont graves et fermés et rares sont ceux qui parlent avec les journalistes. La situation est à peu de choses près la même à Tizi Ouzou où les citoyens montrent une certaine angoisse, notamment à l'approche du Ramadhan. Pour plusieurs de ces citoyens, les criminels du Gspc redoublent de férocité à l'approche de cette période et il est difficile pour les forces de sécurité de faire face à une «bombe humaine». Les patrouilles de police sont renforcées et la vigilance est de rigueur. Cependant, l'angoisse est toujours là! Que faire d'autre si ce n'est continuer à vivre, à se déplacer, à faire ses emplettes? Rachid, un jeune homme, a donné la réponse idoine à ce genre de questionnement: «Il faut ignorer ces menaces, sinon cela voudra dire que les terroristes auront gagné la manche.» Certes, il faudra faire très attention et par exemple signaler tout individu suspect et surtout tout paquet suspect! Et cela s'appelle non pas la délation mais la précaution. En attendant et selon nos sources jointes par téléphone hier en fin de matinée, Dellys essaie de regarder vers l'avenir même si les gens disent que ceux qui ont fait ce coup seraient certainement cachés dans le massif de Mizrana et dans les maquis de Ghezrawal et que les forces de l'ordre se doivent de les éliminer avant qu'ils n'osent recommencer ailleurs. Toute la population pointe d'un doigt rageur Droukdel et ses comparses et notamment la phalange écumant la région, Al Ansar, considérée comme responsable de cette boucherie! Dellys saura surmonter ce cauchemar, car pour la ville tout comme pour les Algériens «céder à la peur fait le jeu des terroristes».