La branche Maghreb d'Al Qaîda a revendiqué, dans la nuit de samedi, les deux attentats kamikazes perpétrés dans l'est du pays. Les deux attentats de Batna, le jeudi 6 septembre, et de Dellys, samedi 9 septembre, qui ont fait une cinquantaine de victimes et près de 150 blessés, ont été revendiqués par la branche d'Al Qaîda au «Maghreb islamique». La chaîne qatarie Al Jazeera, transit habituel des communiqués d'Al Qaîda, a diffusé, dans la nuit de samedi à dimanche, un communiqué de la nébuleuse islamique revendiquant les forfaits commis par cette organisation à Batna et Dellys. Cependant, Al Jazeera n'avait fourni aucun détail supplémentaire dans l'immédiat. En revanche, le communiqué mis en ligne par l'agence AP semble plus complet, dans lequel la mouvance de Abdelmalek Droukdel, alias Abou Moussab Abdelouadoud, affirme que «samedi, le martyr Abou Moussab al-Zarqaoui (al-Asimi) a surpris les baraques de l'armée infidèle dans le port de Dellys, où 150 soldats étaient rassemblés pour le rapport du matin, avec sa camionnette chargée de 800kg d'explosifs», et de poursuivre: «Jeudi après-midi, le martyr Abou al-Meqdad al-Wahrani a perpétré un attentat-suicide avec sa ceinture d'explosifs dans la vieille ville de Batna». «Il visait Bouteflika lors de sa visite à cette ville mais n'a pas pu l'atteindre et s'est fait exploser parmi les forces de sécurité». Et le communiqué de conclure selon AP: «Nous jurons devant Dieu de poursuivre le sacrifice de nos vies jusqu'à ce que vous arrêtiez de soutenir les croisés dans leur guerre, appliquez la loi islamique et arrêtez votre guerre contre la religion de Dieu.» Nous constatons dans ce communiqué attribué à Al Qaîda au «Maghreb islamique» que les mêmes redondances reviennent à chaque forfait commis par l'organisation islamiste. Cela a été, notamment le cas après l'assassinat du chargé d'affaires algérien, Ali Belaroussi, et l'attaché diplomatique Azzedine Belkadi enlevés -dans le quartier Al Mansour au centre de la capitale irakienne le 21 juillet 2005- et exécutés de sang-froid le 28 juillet 2005. Justifiant cet horrible assassinat, qu'absolument rien ne peut légitimer, le groupe d'Al Zarkaoui accusait alors l'Algérie de «ne pas appliquer la charia», de soutenir les «Juifs et les chrétiens» en Irak et d'être derrière «l'effusion du sang des musulmans en Algérie». La référence était par trop transparente aux années de feu et de sang, à la guerre livrée aux civils, au nom de l'Islam, par des hordes sauvages, sans foi ni loi, des GIA, AIS et autre Gspc, aujourd'hui reconvertit en Al Qaîda au «Maghreb islamique». Oussama Ben Laden veut-il ainsi livrer une nouvelle guerre contre l'Algérie, le pays qui a su, par ses seuls moyens, contenir et remettre dans ses dimensions réelles l'islamisme armé, lequel a surtout fait beaucoup de mal aux musulmans et à l'Islam, nonobstant les carnages commis en Algérie, en Irak et en Afghanistan notamment. L'islamisme politique comme son soutien l'islamisme armé ont perdu leur «guerre d'Algérie» et les carnages commis ici et là ne sont que les soubresauts d'un groupe qui vit ses derniers instants. Aussi, la connexion Gspc-Al Qaîda permettait à l'un et à l'autre de s'épauler dans leur oeuvre de destruction en Algérie et dans le monde musulman. Al Qaîda qui perdait du terrain en Irak avait besoin des filières algériennes en Europe, d'où la résurrection miraculeuse du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc) alors en perte de vitesse devenu une «annexe» de la nébuleuse d'Oussama Ben Laden. En fait, le Gspc -qui s'est trouvé de nouvelles raisons de croire à un combat perdu sur le terrain- et Al Qaîda -qui s'est assuré une source de recrutement pour ses kamikazes alors qu'elle était acculée- ont fait une sorte de mariage «al-moutaâ» sur le dos des peuples musulmans d'Algérie et d'Irak. D'ailleurs, le recrutement de kamikazes algériens en Algérie et en France, notamment, s'est intensifié sous le label de la mobilisation des «volontaires arabes» engagés dans des troupes auxiliaires irakiennes. Durant cette période, le Gspc aurait fourni, selon les services de renseignements, une centaine de salafistes aux groupes jihadistes activant en Irak renforçant ainsi ses liens avec Abou Moussab Al Zarqaoui. Malgré cette «coopération» ente activistes islamistes, le groupe terroriste d'Abou Moussab Adelouadoud, n'a pas réussi à faire entrer en Algérie des «combattants» internationaux comme en témoignent les interceptions et arrestations d'étrangers qui tentaient de rejoindre les maquis de Kabylie et des Aurès. De fait, l'offensive généralisée menée depuis le début de l'année par les forces de l'ANP contre les maquis terroristes en Kabylie et dans les monts de Tébessa, témoigne de la détermination de l'armée à mettre hors d'état de nuire les dernières poches d'activistes islamistes, lesquels tentent aujourd'hui le tout pour le tout afin de desserrer l'étau qui se resserre chaque jour autour d'eux. Les attentats contre le Palais du gouvernement, le 11 avril, celui contre la caserne de Lakhdaria le 11 juillet et les récentes attaques contre le cortège présidentiel à Batna et la caserne des gardes-côtes à Dellys, participent à donner le change sur la fiabilité d'un groupe salafiste en perdition. L'Algérie, qui a déjà vaincu les affidés d'Al Qaîda, certes à un prix très élevé en vies humaines, ne baissera pas les bras face à ces nouvelles phalanges dont le credo est «encore et toujours tuer». La branche d'Al Qaîda au «Maghreb islamique» avait déjà revendiqué les attentats d'Alger et de Lakhdaria, aussi, la revendication des crimes de Batna et de Dellys, n'auront d'autre effet que de galvaniser davantage la lutte contre le chancre qui a dénaturé l'Islam. Il faudra s'attendre à ce que d'autres attentats comme ceux d'Alger, de Lakhdaria, de Batna et Dellys soient tentés, d'autant plus que, selon des experts algériens de la lutte antiterroriste, le Gspc, affilié à la nébuleuse d'Oussama Ben Laden, aurait constitué une brigade de kamikazes parmi les jeunes recrues du maquis, dont le fils d'Ali Belhadj, ancien numéro deux du FIS dissous, Abdelqahar Belhadj, âgé de 20 ans. Des enfants qui subissent des lavages de cerveau et sont ensuite envoyés à la mort dans laquelle ils entraînent des dizaines de personnes innocentes, comme cela a été le cas lors des derniers attentats. Le ministère de l'Intérieur a indiqué dans la soirée de samedi que «l'attentat perpétré samedi matin à Dellys au niveau d'une caserne militaire a fait 30 morts, dont trois civils, et 47 blessés» faisant au passage référence à l'implication de «deux terroristes auteurs de l'attentat», lesquels «ont péri sur les lieux».