Peut-être un peu plus qu'ailleurs, à Annaba on garde jalousement le secret de plusieurs recettes de gâteaux et de cuisine. Avec leur réputation gastronomique et les mille et une senteurs qui se dégagent des cuisines, les Annabis perpétuent des traditions culinaires ancestrales. Le Ramadhan est le mois de jeûne et d'abstinence. C'est avant tout le mois de piété, de recueillement et de solidarité entre musulmans. C'est pourquoi les lieux de culte de la ville de Annaba, à l'image de la mosquée El Fourkane ou encore El Emir Abdelkader, se sont parés de mille et un lampions et préparés à l'afflux des fidèles. Mais le mois de Ramadhan reste aussi celui des plaisirs, des gourmandises et des petits plats mijotés et toutes sortes de caprices. Et à Annaba, peut-être un peu plus qu'ailleurs, on garde jalousement le secret de plusieurs recettes de gâteaux et de cuisine. Mais certaines douceurs typiquement bônoises exigent d'énormes dépenses pour l'achat des ingrédients comme les amandes, les noix, noisettes et autres. Il est difficile de résister à la tentation de savourer ne serait-ce qu'un morceau de «harissa», «baklawa», ou «ktaïf» savamment préparés et découpés avec art et amour. Le premier jour de ce mois sacré est accueilli par toutes les familles bônoises par la préparation du mets traditionnel qu'est la «chorba frik» ou le «jarri», selon qu'on soit au centre et à l'ouest. «marka h'loua» connue aussi sous le nom de «tadjin lahlou» préparé avec pruneaux et raisins secs, sera accompagnée de l'incontournable bourek qui doit orner la maïda annabiaa appelé chez nous «el brik». Trois principaux mets qui ne doivent pas manquer dans la cuisine quotidienne à Annaba, à laquelle s'ajoute chaque jour un plat traditionnel, comme m'touem, maâdnoussia, kamounia et bien d'autres dégustations ramadhanesques. Ramadhan est aussi synonyme de pureté de l'âme. Outre l'observation de jeûne durant la journée, «salat taraouih», la nuit, la «tahadjoud», prière qui doit être arrêtée juste avant l'appel à la prière de Fadjr durant les dix premiers jours de Ramadhan. Ces deux prières sont aussi la seconde âme des Annabis qu'ils dédient avec ferveur à Dieu pendant 30 jours. A Annaba, le mois sacré de Ramadhan est également une occasion pour les âmes charitables de venir en aide aux plus démunis et aux jeûneurs de passage. Cette année, la sphère de la solidarité s'est élargie jusqu'au centre-ville, où un resto de la rahma a ouvert ses portes pour servir quelque 250 repas chauds à ceux qui transitent par la protégée de Sidi Brahim «Bouna». En plus d'une grande banderole déployée sur le local pour prévenir de la présence de ce point de restauration, les bienfaiteurs qui veulent garder l'anonymat, sont mobilisés du matin au soir pour que les provisions nécessaires soient disponibles à temps. Ces mêmes bienfaiteurs aimeraient que cet acte se renouvelle chaque année, et les commerçants de la ville d'Annaba sont décidés à contribuer régulièrement à cette action de bienfaisance. C'est pour dire que le Ramadhan dans la ville des 99 kobbas tire son présent d'un passé que la famille bônoise a tissé d'un mélange de traditions devenues depuis des lustres une doctrine à Annaba.