La menace terroriste «est forte» aujourd'hui en France, a déclaré le directeur général de la police nationale française, Frédéric Péchenard, dans un entretien accordé à l'hebdomadaire français le Journal du Dimanche. Pour le premier flic français, il est «incontestable» que la «multiplication des attentats en Algérie augmentait le niveau actuel de la menace terroriste». Par ailleurs, Frédéric Péchenard s'est ressaisi et a reconnu que la menace est forte aussi parce que la France est «impliquée au Liban et en Afghanistan», parce que le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc) «s'est radicalisé» en «se rapprochant d'Al Qaîda», mais aussi parce que l'Algérie «traverse une période difficile». C'est pourquoi la menace terroriste en Hexagone est «très forte». Le directeur général de la police nationale française a omis, par ailleurs, de citer les dernières déclarations controversées de Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères, au sujet du nucléaire iranien. Le chef de la diplomatie française, multipliant les pas de danse ratés, après celui de l'Irak, a mis en évidence la nécessité d'une solution armée contre l'Iran qui ne compte, visiblement pas, lâcher son programme nucléaire. Les déclarations de Frédéric Péchenard sonnent à l'oreille comme -d'abord- une appréhension et ensuite un semblant de reconnaissance d'un faux pas, celui qui a impliqué la France au Liban et en Afghanistan. «Nous ne sommes pas là pour paniquer les gens, mais la menace est forte aujourd'hui», a poursuivi le DG de la police française, laissant ainsi grandes ouvertes toutes les hypothèses et lectures. Frédéric Péchenard ajoute, tout en soulignant qu'il faut «être très prudent», que «cela fait tout de même onze ans» que le terrorisme islamique «n'a pas frappé sur notre sol». Pour lui, cela est dû «notamment à la réactivité de nos services de renseignements et à leur organisation». En dépit de cette «réactivité» des réseaux de renseignements français, la ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie veut, quant à elle, passer à la vitesse supérieure, en annonçant plusieurs autres décisions. Michèle Alliot-Marie a ainsi avisé, le 13 septembre dernier, de la création d'une direction du renseignement intérieur (DRI) regroupant la direction de la surveillance du territoire (DST) et les renseignements généraux (RG, police). La DRI, cette nouvelle institution de sécurité, aura, à en croire la ministre française de l'Intérieur, quatre missions essentielles. Il s'agit du contre-espionnage, le contre-terrorisme, l'intelligence économique, l'«analyse des mouvements sociaux et des faits de société». Bien avant, le patron de la police française, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères français, Frédéric Désagneaux, a affirmé récemment que «la France prend très au sérieux les nouvelles menaces d'Al Qaîda». Au lendemain de l'attentat de Lakhdaria lors duquel, rappelons-le, deux Français, un Italien et six Algériens, dont cinq gendarmes, ont été blessés. Le Quai d'Orsay, par le biais de son porte-parole, a «condamné très fermement» cette nouvelle agression terroriste. Il semble que Paris est décidée d'aller vers des mesures draconiennes imposées aux candidats étrangers, notamment les Maghrébins à l'émigration en France. Pour le Quai d'Orsay «aucune région au monde ni aucun pays ne peuvent être considérés comme étant à l'abri du risque terroriste». C'est dire que les Français sont décidément sur le qui-vive. Nous avons appris, hier, que les deux Français blessés, vendredi, dans l'attentat suicide de Lakhdaria ont été rapatriés.