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Selon le directeur de la police française
La menace terroriste est « forte »
Publié dans El Watan le 24 - 09 - 2007

La menace terroriste « est forte » aujourd'hui en France, estime le directeur général de la police nationale, Frédéric Péchenard, dans un entretien à l'hebdomadaire français le Journal du Dimanche.
Il explique que la menace est forte parce que la France est « impliquée au Liban et en Afghanistan », parce que le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) « s'est radicalisé » en « se rapprochant d'Al Qaïda », mais aussi parce que l'Algérie « traverse une période difficile ». M. Péchenard ajoute, tout en soulignant qu'il faut « être très prudent », que « cela fait tout de même onze ans » que le terrorisme islamique « n'a pas frappé sur notre sol ». Pour lui, cela est dû « notamment à la réactivité de nos services de renseignements et à leur organisation ». Les menaces d'El Qaïda et du GSPC ciblant la France ne sont pas nouvelles. Elles ont été toutefois toujours prises au sérieux, tant par les autorités que par les services français de lutte contre le terrorisme. Interrogée sur RTL le 11 septembre, la ministre de l'Intérieur, Mme Alliot-Marie, affirmait que « la menace terroriste est réelle et permanente en France », puis relativisant, « pas plus », « pas moins » que dans d'autres pays. « Nos services de renseignements font un travail remarquable (...) en étroite liaison avec les services des pays européens, voire d'autres pays encore, car le terrorisme ne trouve pas sa source uniquement dans nos pays », avait ajouté Mme Alliot-Marie, soulignant que de plus en plus de terroristes ont la « nationalité » du pays dans lequel ils sont impliqués dans des tentatives des attentats. « Pour autant, a-t-elle ajouté, la cause, voire l'organisation des attentats terroristes trouvent leur origine à l'extérieur ». En campagne électorale, Nicolas Sarkozy affirmait lui aussi, en avril dernier, que « la menace existe ». Rappelant que le GSPC se fait appeler « Al Qaïda au Maghreb islamique » après son ralliement à l'organisation terroriste Al Qaïda en 2003 mais officialisé seulement en septembre 2006, M. Sarkozy a indiqué que ce groupe « a un certain nombre de connexions dans plusieurs pays dont la France ». « Nous sommes menacés », a-t-il encore dit, indiquant que les services de sécurité ont arrêté 138 personnes en 2006 en France dans des enquêtes liées au terrorisme et 32 depuis le début de l'année.Le GSPC, baptisé aujourd'hui El Qaïda au Maghreb islamique, est considéré en France comme la première menace sécuritaire. « La France est une des cibles privilégiées du GSPC, mais au-delà de la seule France, ce qui avait intéressé, à l'époque, El Qaïda quand elle avait décidé d'intégrer le GSPC c'est aussi ses réseaux en France et en Europe, c'est-à-dire une action qui pourrait s'étendre en Europe et en France, ce que craignent les autorités françaises », nous affirmait Anne Giudicelli, directrice de la société d'expertise et de conseil Terrorisc, en avril dernier, après les attentats de Bouchaoui et d'Alger. Dans une vidéo, de 75 minutes, mise en ligne à l'occasion du cinquième anniversaire de l'attaque des Twin Towers à New York, Ayman El Zawahiri annonce le ralliement du GSPC à Al Qaïda. Il appelait le mouvement terroriste algérien à semer la peur « dans le cœur des traîtres et des fils apostats de France » et à s'en prendre à la France et à ses intérêts dans le monde. Pour un officier de la DST, cité par le Figaro, Al Zawahiri « officialise » l'adhésion du GSPC comme « bras armé d'Al Qaïda pour frapper en France », ce qui « ne change rien à la structuration du risque, mais durcit et renforce la menace ». Dans un message mis en ligne sur des sites islamistes en 2005, le chef du GSPC, Abou Moussaab Abdel Ouadoud, alias Abdelmalek Droukdal, lançait à l'adresse du « peuple algérien musulman » : « Combattez les ressortissants de France et les agents des croisés qui occupent notre terre. » « Notre pays est franchement, pour nos adversaires islamistes, dans le camp des Occidentaux, des ‘‘croisés'' comme ils disent, et rien ne nous sera épargné », déclarait sur France-Info Pierre de Bousquet de Florian, le patron de la Direction de la surveillance du territoire (DST), en septembre 2006.
Coopération en matière de renseignement
Il décrivait la menace terroriste qui pèse sur la France comme « vraiment très élevée et très internationale ». Le 1er septembre 2006, une note de l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat) estimait que le GSPC constituait « l'une des menaces les plus lourdes qui pèsent actuellement sur la France, historiquement cible privilégiée des terroristes algériens ». Cette note évoquait un risque qui « s'inscrit dans la durée ». Selon les services français, l'ex-GSPC forme « des combattants originaires d'autres pays du Maghreb, notamment tunisiens, libyens, marocains et mauritaniens ». Des militants d'Afrique noire (Nigériens, Nigérians ou Maliens) peuvent également se joindre à ces groupes. Un embryon d'école de formation se serait ainsi mis en place. L'UCLAT relevait que « plusieurs dizaines de personnes retiennent l'attention pour leur implication à titre individuel ou au sein d'une quarantaine de cellules constituées en raison de leurs liens avec les zones irakiennes, pakistano-afghanes et sahélo-maghrébines ». Autant d'extrémistes qui pourraient basculer dans l'action violente. Deux zones de combat, l'Irak et l'Afghanistan, attirent les volontaires. L'Irak « constitue la menace la plus préoccupante ». « Principale terre du djihad », le pays accueille des militants prêts à combattre ou « à revenir dans leur pays d'origine pour y perpétrer des attentats une fois formés aux techniques du terrorisme urbain ». En Afghanistan, la note souligne que l'alliance entre les talibans et Al Qaïda « augmente la menace » pesant sur les forces françaises, et ce, au moment où « la France a pris au début du mois d'août le commandement de la Force internationale d'assistance à la sécurité » à Kaboul. Pour sa part, le Quai d'Orsay indiquait que « le gouvernement français s'applique à accompagner la lutte antiterroriste d'une politique visant à en traiter les causes, afin de prévenir la radicalisation des populations et le recrutement de nouveaux terroristes » en citant notamment « les efforts déployés pour apaiser les tensions au Proche-Orient ». Le renseignement reste la première arme préventive au terrorisme. Une coopération internationale des services de renseignements a permis de déjouer des projets d'attentats, de contrôler les mouvements de suspects. C'est ainsi que la Direction de la surveillance du territoire, la Direction générale de la sécurité extérieure et les Renseignements généraux ont reçu en novembre dernier une copie de la liste complète remise par l'Algérie aux autorités françaises des détenus islamistes libérés depuis mars 2006 dans le cadre de la politique de « réconciliation nationale ». Il s'agit d'un fichier contenant des éléments directement utilisables par les spécialistes français. Par ailleurs, la France abrite une cellule commune d'agents des services secrets de six pays : les Etats-Unis, la France, l'Allemagne, le Canada, l'Australie et la Grande-Bretagne. Créée en 2002, cette cellule baptisée « Alliance base » est destinée à lutter contre l'islamisme radical.


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