Cette fête arrive pour compléter le tableau sombre d'une rentrée des plus dures de l'histoire de l'Algérien. Le Ramadhan c'est presque fini. L'Aïd pointe du nez. Il est presque là avec ses joies, mais aussi ses sacrifices. Cette année, il confirme, à bien des égards, l'adage «jamais deux sans trois». Lessivé par la rentrée scolaire et saigné par le mois sacré, le père de famille va, en effet, devoir consentir d'autres efforts pour faire face aux festivités de l'Aïd dans tout ce qu'elles comptent comme habits pour les enfants, nourriture et les déplacements qu'exige pareille circonstance. Après une rentrée scolaire assez lourde, la saignée du Ramadhan a presque fini d'achever la bourse familiale. L'Aïd arrive pour compléter le tableau sombre d'une rentrée des plus dures de l'histoire de l'Algérien. En attendant, le Ramadhan préoccupe plus, mais sans pour autant atténuer l'angoisse de l'Aïd. A Béjaïa, la situation ne diffère pas trop des autres régions du pays. Outre la flambée coutumière des prix en pareille période, Béjaïa vit un Ramadhan plus dans l'ambiance des galas et concerts de chants. Le Festival de la chanson amazighe, qui s'est achevé, a laissé place à d'autres activités organisées par la Maison de la culture de Béjaïa. Des jeunes s‘initient à donner du bon temps aux familles dans différents sites, la Brise de mer, la place Gueydon et l'esplanade de la Maison de la culture. Pour ceux qui n'accordent pas d'intérêt à ce genre de distraction, les cafés et les salons de thé se présentent alors comme les seuls endroits où l'on peut passer ses soirées avec des copains. Pour les amateurs de cinéma, Projetc'heurt programme régulièrement des films suivis de débats à la cinémathèque qui renoue avec l'activité. De son côté, le réalisateur Ahmed Djenadi poursuit sa tournée promotionnelle du film Aâziz Aken Yabghou yili. Dans les villages, le roi domino occupe tout le monde. Dans tous les cafés c'est le jeu roi le plus prisé. Des parties sont souvent marquées par une ambiance qu'aucun film ni gala ne peut égaler. Outre cette ambiance de nuit caractérisant le Ramadhan, il y a cette autre facette du citoyen algérien qui, durant tout le mois de jeûne, ne finit jamais de faire ses courses. Les marchés quotidien et hebdomadaire grouillent de monde. L'homme simple cherche, en prenant son temps, à dénicher l'affaire de la semaine, autant sur le plan alimentaire que vestimentaire. Il n'y a pas d'affaire cette année. De l'avis général, le marché a flambé et le consommateur n'a pas fini d'être saigné. La pomme de terre est le légume qui résume bien cette situation catastrophique. A Béjaïa, elle est cédée entre 50 et 70DA. Il en est de même pour les fruits, trop demandés pendant la période du Ramadhan et de l'Aïd, qui ont connu, eux aussi, des augmentations que rien ne peut justifier, sauf peut-être la spéculation ou les tentatives du gain facile. L'Aïd c'est aussi vêtir les enfants. Un autre casse-tête chinois pour le père de famille. S'agissant d'enfants avec leurs exigences parfois démesurées, le père ou la mère tombent de nouveau dans le piège, celui de l'endettement. Encore faut-il trouver qui vous prêtera de l'argent en ces temps de disette. Comme autre solution, les gens ont recours à la friperie où l'on déniche souvent de bonnes affaires. Sur le plan sécuritaire, la police veille au grain. Une présence discrète mais renforcée est visible sur le terrain. Les places publiques, les bureaux de poste, les banques et les marchés sont les lieux indiqués pour divers actes de violence. La présence de la police dissuade leurs auteurs qui réussissent, parfois, à accomplir leurs actes malgré tout. Au-delà de l'assurance que cela procure pour le citoyen, il y a lieu de relever le recul des actes de vandalisme, agressions et vols. Un recul considérable par rapport aux jours précédents.
