Le président palestinien, Mahmoud Abbas, et le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, ont eu une quatrième rencontre préparatoire au rendez-vous d'automne aux USA. Mme Rice, secrétaire d'Etat américaine, entamera du 14 au 18 octobre prochain, une nouvelle tournée d'explication au Proche-Orient dans la perspective de la conférence internationale, prévue cet automne aux Etats-Unis. Cette conférence sur le dossier israélo-palestinien, organisée à l'initiative du président américain, George W.Bush, a officiellement pour objectif de déblayer le terrain à la création du futur Etat palestinien. Il est cependant fort douteux d'attendre du concret d'une conférence internationale, une de plus, dont on peut se demander, à raison, ce qu'elle pourrait bien apporter de nouveau à un dossier qui interpelle la communauté internationale depuis près de six décennies. M.Bush, qui est à moins de quatorze mois de la fin de son deuxième mandat, n'aspire en fait qu'à terminer, avec un satisfecit, une présidence qui tourne pour lui au cauchemar, notamment en Irak et en Afghanistan. En 2003, évoquant la «vision» de deux Etats, Israël et la Palestine, vivant côte à côte, George W.Bush avait alors «promis» l'Etat palestinien pour «l'horizon» 2005 avec le résultat que l'on sait. 2009, nouveau délai américain?, est encore trop près pour le président US -en fin de mission à cette époque- mais toujours loin pour les Palestiniens qui attendent leur Etat depuis 1948. Aussi, la conférence internationale sur le Proche-Orient projetée pour le mois de novembre n'est qu'un leurre, au mieux, une autre manière de faire gagner du temps à l'allié israélien des Etats-Unis. Que propose en effet la Maison-Blanche pour dépasser les obstacles, du fait d'Israël, qui ont interdit jusqu'ici au peuple palestinien de vivre dans un Etat souverain? George W.Bush et sa secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice n'ont donné, jusqu'à aujourd'hui, aucune indication claire et précise sur ce qu'ils entendent présenter aux belligérants israéliens et palestiniens pour avancer sur un dossier en stand-by depuis près de 60 ans. En revanche, les Américains sont toujours à débattre sur les participants qui seront admis à cette conférence internationale (c'est notamment le cas pour la Syrie et le Hamas palestinien) qui n'augure rien de nouveau dès lors que manquent le courage et la volonté politique de mettre Israël face à ses responsabilités d'autant plus que l'Etat hébreu est, et reste, aux yeux des Nations unies comme la puissance étrangère occupante d'un territoire ne lui appartenant pas et dont le peuple est identifié: le peuple palestinien. Or, tant que les Etats-Unis ne disent pas clairement le droit des Palestiniens à créer leur Etat indépendant, sur les territoires reconnus palestiniens par le Conseil de sécurité de l'ONU, qu'ils n'appellent pas Israël à démanteler les colonies juives en Cisjordanie, que l'armée israélienne ne se retire pas au-delà de la ligne verte, fixée par les Nations unies, enfin que l'Etat hébreu -nonobstant les négociations entre Israël et les Palestiniens- applique les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l'ONU, notamment les résolutions 242 et 338 respectivement votées en 1967 et en 1973. Or, il n'en a rien été et les Américains se sont complus ces dernières années dans un bluff -comme en témoigne la fameuse «Feuille de route» (plan de paix international patronné par les USA, l'UE, la Russie et l'ONU) censée relancer le processus israélo-palestinien et créer les conditions pour une solution juste et équitable- qui n'a pas permis au dossier israélo-palestinien d'avancer d'un iota, notamment sous la présidence de George W.Bush, lequel s'est singularisé, lors de son premier mandat, par un parti pris flagrant faisant de l'ancien Premier ministre israélien, Ariel Sharon, qui n'a jamais caché son opposition à la création de l'Etat de Palestine, son unique interlocuteur. Or, l'objectif de Sharon a toujours été de «bantoustaniser» les territoires palestiniens, comme l'indiquent clairement l'édification du mur de l'apartheid et le retrait unilatéral, sans consultation avec les Palestiniens, de la bande de Ghaza. Par ailleurs, la constance des Etats-Unis a été ces dernières années de dire le «droit» des occupants israéliens de se défendre contre un peuple asservi au bon vouloir de l'armée d'occupation israélienne. Aussi, une nouvelle conférence sur le Proche-Orient, pourquoi faire quand il suffit à la communauté internationale de faire appliquer par les belligérants, notamment Israël, les résolutions de l'ONU et l'accord d'Oslo de 1993, accord, rappelle-t-on, gelé par les Israéliens? Notons d'autre part que le président palestinien, Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, se sont réunis pour la quatrième fois mercredi à Jérusalem-Ouest dans l'objectif de mettre au point un document préparatoire à la conférence qui doit se tenir à Washington en novembre prochain. Selon le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat, MM.Abbas et Olmert ont demandé à leurs équipes de négociateurs de travailler sur ce document «à partir de la semaine prochaine pour parvenir à un document conjoint sur les questions clés» en vue de le présenter à la réunion internationale. M.Erakat ajoutait, lors d'une conférence à Ramallah, que «cette réunion marquera le lancement des négociations sur le statut final (des territoires palestiniens) pour parvenir à un traité de paix, sur la base de la «Feuille de route» et la vision de deux Etats du président (George W.Bush) et le même de souligner que l'objectif était de «mettre fin à l'occupation (israélienne) qui a commencé en 1967». Dans leur position, les Palestiniens n'ont, hélas, d'autre choix que d'y croire, malgré les échecs répétés de ces dernières années.