La mémoire reste toujours vive. 46 ans après, l'anniversaire des événements tragiques du 17 octobre 1961 n'est pas passé sous silence dans les esprits des Algériens. Expositions, manifestations, conférences-débats et tables rondes ont caractérisé la commémoration du 46e anniversaire des événements du 17 octobre. Hier, Réda Malek ancien chef du gouvernement et ancien ministre du Gpra et Ali Haroun, un des dirigeants de la Fédération de France du FLN et membre du Conseil national de la révolution algérienne (Cnra) ont animé une conférence de presse pour commémorer cette date et marquer une halte avec l'Histoire. C'est le monument historique, le palais des Raïs, dit Bastion 23, qui a abrité ce rendez-vous. «Les porteurs de valises», tel était le thème abordé par les deux hommes historiques. Ainsi, c'était une occasion pour rendre hommage aux anciens «militants étrangers, français notamment, amis de l'Algérie. Des intellectuels et des personnalités françaises se sont ainsi engagés en faveur de l'indépendance de l'Algérie». Les conférenciers ont tenu à rendre un hommage particulier au professeur Francis Jeanson et à son réseau créé en octobre 1957 ainsi qu'à Henri Curiel. Réda Malek a apporté son témoignage sur le «rôle important joué par le réseau Jeanson dans le transfert des valises». Avec plus de détails, Ali Haroun a souligné que le réseau Jeanson a été d'un grand apport à la Fédération de France, en assurant notamment l'hébergement et le transport. «Ce n'était pas facile d'héberger les responsables du FLN dans les hôtels. Tout le monde était dans la clandestinité. Jeanson et son réseau assuraient l'hébergement. L'autre apport de ce réseau, au même titre d'ailleurs, que celui de Henri Curiel, était d'assurer le transport à l'intérieur où hors la région parisienne», témoigne Ali Haroun. De son côté, Réda Malek explique la manière avec laquelle se faisait le transfert d'argent qui transite par les «porteurs de valise» d'après la philosophie de Jean-Paul Sartre, avec l'aide, notamment des banquiers et administrateurs français qui falsifiaient les papiers et tous les autres documents nécessaires à cette opération consistant à sortir l'argent hors de France. «Le transfert se faisait via les banques en France. On ne sortait pas l'argent dans les valises pour faire passer les frontières. Mais, ce sont des sommes versées directement au Trésor du FLN, dans les comptes étrangers», a-t-il dit. Dans leur témoignage, les deux hommes historiques ont souligné, enfin, que nombreuses étaient les personnalités étrangères qui ont aidé la Révolution algérienne. L'Algérie leur est reconnaissante et l'histoire n'a pas manqué d'enregistrer ces faits d'une grande dimension humaine.