Dans «Paris-Alger: le couple infernal» Jean-Pierre Tuquoi s'attaque frontalement aux lobbies des nostalgiques de l'OAS et de «l'Algérie française» à l'origine de l'adoption de la loi du 23 février 2005. Et voilà un brûlot qui met à nu les nostalgiques de «l'Algérie française», à la veille de la visite, à Alger, du président français Nicolas Sarkozy. Jean-Pierre Tuquoi, journaliste spécialiste des questions maghrébines au journal Le Monde, s'attaque frontalement, avec un style et une vérité toute nue, aux lobbies à l'origine de l'adoption, par le Parlement français, de la loi contestée du 23 février 2005. Le parti de Nicolas Sarkozy, Union pour un mouvement populaire (UMP), envahi par les nostalgiques de «l'Algérie française», y est dedans jusqu'au cou. Dans «Paris-Alger: le couple infernal», le journaliste a retracé la genèse de la loi du 23 février sur les «effets positifs» de la colonisation et ses conséquences (la loi) sur les rapports entre le couple malade Algérie-France. Le brûlot de Jean-Pierre Tuquoi, sous forme de longue enquête journalistique, ne fera certainement pas le bonheur du président français et ses amis de l'UMP et d'autres influents personnages nostalgiques de «l'Algérie française». Comment donc la loi du 23 février, particulièrement le deuxième alinéa de son article 4, a pu être adoptée par le Parlement français? Première flèche décochée, et n'est pas des moindres: la loi du 23 février s'inscrit dans le cadre d'un travail obstiné mené par les plus activistes du lobby des rapatriés d'Algérie. Il ne sont pas nombreux certes (5% des 2 millions des pieds-noirs vivant en France), mais sur le terrain, leur influence est bien visible, atteste Jean-Pierre Tuquoi. Avant la fameuse loi du 23 février, il y eut d'abord une série de dépassements. A citer, entre autres, l'un des sanguinaires de l'OAS (Organisation armée secrète), le lieutenant Roger Degueldre, responsable de la mort de plusieurs centaines de personnes, qui a eu droit à une plaque commémorative, jouxtant une autre qui célèbre les «martyrs de l'Algérie française», inaugurée en 1970. A quelques encablures de Marseille, dans le cimetière de Marignane, une stèle «honore» depuis juillet 2005 les «combattants tombés pour que vive l'Algérie française». Ce n'est pas tout, les prévisions sont plus terribles que cela. A Perpignan, il est prévu l'inauguration, par la mairie, au courant du mois de novembre, d'un «mur des disparus». Suivra, pour l'année prochaine (2008), l'ouverture d'un Centre de la France en Algérie, une mission confiée, à en croire Jean-Pierre Tuquoi, à une association qui cultive à bon compte la nostalgie de «l'Algérie française». Plus tragique encore, les «nostalgiques de l'Algérie française» ont sérieusement «infecté» le Parlement français et autres institutions d'Etat. D'où le Groupe d'études sur les rapatriés, un lobby composé d'une soixantaine de députés (la plupart du parti de Nicolas Sarkozy), et qui active au sein même du Parlement français. Parmi les dix vice-présidents, Michèle Tabarot, députée UMP des Alpes-Maritimes et fille de Robert Tabarot, l'un des chefs civils de l'OAS, raconte Jean-Pierre Tuquoi. L'on trouve aussi dans ce lobby de nostalgiques de «l'Algérie française» Geneviève Lévy, élu UMP du département du Var et Christian Vanneste, un autre élu UMP du Nord. De ces nostalgiques, à citer aussi surtout, le député de Paris, Claude Goasguen, parmi ceux ayant mené une opération aux fins de «pourrir» la visite, en 2004, du président Bouteflika, invité alors par Jacques Chirac pour les commémorations à Toulon du 60e anniversaire du débarquement de Provence. A cette occasion, une lettre, signée par une soixantaine de députés de droite, fut envoyée au chef de la diplomatie française, dans laquelle «des anciens combattants et des rapatriés d'Algérie» «s'indignent» quant à l'invitation adressée au président Bouteflika. Viendra, ensuite, le procédé de trop, confectionné minutieusement par les nostalgique de l'OAS et de «l'Algérie française», qui est la loi du 23 février qui parle de la «reconnaissance de l'oeuvre positive des Français en Algérie». Philippe Douste-Blazy a été le chargé de mission, avec la complicité d'un parlementaire des Alpes-Maritimes, Jean Léonetti, appuyés par une centaine de députés UMP. L'article en question de la loi du 23 février indique ceci: «L'oeuvre positive de l'ensemble de nos concitoyens qui ont vécu en Algérie pendant la période de la présence française est publiquement reconnue». Le procédé n'est pas des moindres. Il est une forme de haute considération aux harkis, aux nostalgiques de l'OAS et de «l'Algérie française». En Algérie, le réveil des officiels a été retardé de plusieurs mois. Ainsi, la polémique refait bel et bien surface à la veille d'une visite d'Etat du président français Nicolas Sarkozy qui devra le conduire, en décembre à Alger, en compagnie peut-être du chanteur Enrico Macias. Avant son élection, lors de la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy a promis «une aide et une reconnaissance aux harkis». L'on a même parlé d'une réhabilitation de l'OAS si Nicolas Sarkozy serait à la tête de l'Etat français. Il aurait même, alors candidat à la présidence de la République, adressé le 16 avril dernier une lettre à Denis Fadda, président du Comité de liaison des associations nationales de rapatriés (Clan-R), en réponse à la liste de revendications que le Clan-R lui avait fait parvenir, au nom d'un collectif d'associations de rapatriés pieds-noirs.