Les «faucons» de l'Opep obtiennent la tenue d'un comité des ministres des Finances et du Pétrole. L'Opep doit-elle adopter une autre devise que le dollar américain? Si l'on en croit les déclarations du président iranien, «tous les chefs d'Etat présents étaient contrariés à cause du dollar. La valeur de leurs réserves de change a chuté», a indiqué M.Mahmoud Ahmadinejad. Le prix du baril de pétrole en Asie est, lui, resté sourd au communiqué final qui a sanctionné la fin des travaux du 3e Sommet des chefs d'Etat et souverains, qui s'est déroulé à Riyad. Le baril de Light sweet crude pour livraison en janvier bondissait de 66 cents à 94,5 dollars. Le Brent de la mer du Nord faisait, quant à lui, un gain de 57 cents pour atteindre les 92,19 dollars. La sourde oreille faite par l'Opep aux sollicitations américaines pour augmenter sa production est strictement appliquée. Pour certains experts, l'effet contraire n'aurait, selon toute vraisemblance, rien changé. Et pour quelles raisons? «Même si l'Opep avait décidé de relever ses plafonds de production, cela aurait été trop tard, car à l'approche de l'hiver dans l'hémisphère Nord, la demande devrait augmenter. Comme les fondamentaux offre-demande sont serrés, cela va continuer à soutenir les prix», a expliqué Victor Shum, analyste C% Purvin and Gertz à Hong Kong. Voilà ce qui risque de doper le prix du baril de l'or noir. Quand sera franchie «la ligne rouge»? La barrière psychologique d'un baril à 100 dollars sera diversement appréciée entre pays consommateurs et producteurs. Ces derniers semblent avoir un autre souci, en ce moment. La dépréciation de la monnaie américaine par rapport à l'euro. Le prix du baril de pétrole est coté en dollar. C'est de notoriété publique. Sa chute provoque cependant un manque à gagner aux pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Le président iranien a tout simplement qualifié le dollar de «papier sans valeur». Triste destin pour le billet vert. L'Algérie, par la voix de son ministre de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil, a toujours mis en évidence «la volonté de l'Opep d'assurer l'offre de pétrole et, par conséquent, la stabilité du marché et des prix, comme elle l'a toujours fait». C'est ce qui est en gros apparu dans le communiqué final des chefs d'Etat et souverains du Sommet de Riyad. La déclaration officielle n'a pas pris en compte la revendication du «noyau dur» de l'Opep. Le Venezuela, l'Iran et l'Equateur. La cotation du baril en dollar. Sa remise en question, autrement dit. Hugo Chavez et Ahmadinejad n'ont cependant pas lâché prise. S'ils n'ont pas obtenu gain de cause, ils auront réussi le tour de force d'instaurer le débat au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Les experts plus prudents avertissent: «Changer la structure des prix du pétrole reviendrait à révolutionner l'économie des pays de l'Opep, le dollar fluctue et il faut avoir une vue à très long terme», a averti Yasser El Guindi, analyste du groupe de services financiers SIG. Une manière de dire qu'il faut voir un peu plus loin que le bout de son nez.