Dans son communiqué final, l'Opep s'engage à un approvisionnement «suffisant et fiable». Le «Faucon de l'Opep» a adressé une sérieuse mise en garde à l'administration Bush. «Si les Etats-Unis commettent la folie d'envahir l'Iran ou d'agresser de nouveau le Venezuela, alors le prix du pétrole n'atteindra pas 100 dollars, mais 200 dollars», a déclaré le président de la République bolivarienne, M.Hugo Chavez. Il double la mise! Le ton est donné. La cérémonie d'ouverture du 3e Sommet de l'Opep a démarré sur les chapeaux de roue. «L'Indien au sang mêlé» détonne. «Le prix du baril de pétrole avoisinait les 10 dollars lors du Sommet de Caracas. Aujourd'hui, je remets la présidence à Votre Majesté avec un prix du pétrole à 100 dollars», lance le président vénézuélien au roi Abdallah. Le souverain saoudien préside ce 3e Sommet. Hugo Chavez, qui ne veut pas se faire voler la vedette, enchaîne; il souhaite que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole «change et devienne un acteur politique et géopolitique». L'ennemi juré des Etats-Unis clot son intervention en demandant que «cessent les menaces contre les pays de l'Opep», tout en mettant en exergue «la menace permanente contre l'Iran». Le souverain saoudien, qui a tenu à remettre les pendules à l'heure, a prévenu: «Le pétrole ne doit pas se transformer en outil de conflit.» Le souverain d'Arabie saoudite a assigné à l'Opep deux objectifs principaux, «la protection des pays membres et de l'économie mondiale». Ménager en quelque sorte la chèvre et le chou. Garantir les intérêts des pays producteurs et ne pas léser les pays gros consommateurs de l'or noir. A leur tête les Etats-Unis. Tout le monde le sait, lorsque l'économie américaine tousse, c'est toute l'économie mondiale qui éternue. «L'Opep s'oppose aux perturbations inopinées des prix du pétrole», a déclaré le roi Abdallah. «Le prix de 100 dollars est un prix juste, un prix équitable», a estimé juste auparavant Hugo Chavez, président du Venezuela. Cependant, la dépréciation du dollar par rapport à l'euro risque de faire surgir quelques tensions lors de ce sommet. La monnaie américaine a perdu 25% face à sa rivale européenne. Les revenus des pays de l'Opep sont fortement pénalisés par ce phénomène. La fixation des prix du pétrole dans une autre devise que le dollar est d'actualité. L'idée fait plus que son chemin. Elle provoque même quelques divergences au sein des pays membres de l'Opep. Manouchehr Mottaki, le ministre des Affaires étrangères iranien, veut inclure dans le communiqué final du Sommet de Riyad, qui a pris fin hier, «la dépréciation du dollar». Le ministre du Pétrole du Venezuela, Rafael Ramirez, estime, pour sa part, que cela fragilise les revenus des pays membres de l'Organisation. Saïd Nachet, un des dirigeants du Forum international de l'énergie, a posé une sérieuse question: «Que ferait-on alors si dans deux ans, l'euro revient à son niveau de lancement (1,16 dollar)?» Une initiative qui pourrait avoir des conséquences négatives sur les revenus des pays membres de l'Opep, a observé le chef de la diplomatie saoudienne, M.Saoud Al Fayçal. Le communique final qui a sanctionné le Sommet de Riyad ne semble pas avoir pris en compte cette requête. «Nous avons décidé de continuer à assurer l'approvisionnement du marché du pétrole d'une manière qui soit suffisante et fiable pour répondre aux besoins mondiaux», indique le texte. Il affirme, par ailleurs, l'importance de la paix mondiale. Une garantie pour la stabilité des marchés de l'énergie et des investissements dans ce secteur. Quant à l'environnement, l'option choisie est le développement des technologies «du pétrole propre», c'est-à-dire la séquestration du carbone. Ce qui consiste à capter les émissions de dioxyde de carbone (C02) dégagées par la combustion des hydrocarbures. Concernant les prix du pétrole, l'Opep a affirmé le droit des producteurs «à des revenus acceptables, stables et équitables». Pas de décision tonitruante pour ce sommet qui n'a valu que par les «salves oratoires» du pourfendeur de l'impérialisme américain, le président vénézuélien, Hugo Chavez. Le président Abdelaziz Bouteflika qui a pris une part active à ce troisième sommet de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole a eu, notamment, des entretiens avec le souverain saoudien Abdallah Ben Abdelaziz et le président vénézuélien Hugo Chavez.