«Nous ne voulons pas de l'oraison funèbre des chefs d'Etat arabes pour Arafat. Il ne cédera pas!», nous déclare Abou Nabil. «Je viens d'avoir ma famille à Khan Younes au téléphone», annonce cet étudiant palestinien à son ami dans un bureau de la représentation du FDLP (Front démocratique pour la libération de la Palestine) à Alger. A côté, Ibrahim Abou Achraf, représentant du FDLP en Algérie reçoit des «frères» du FPLP (Front populaire pour la libération de la Palestine). Les questions sur sa famille sont vite dégagées. «Le bureau du Raïs (Arafat, ndlr.) est injoignable», déplore le jeune Palestinien qui poursuit: «Sharon ne pouvait tolérer toutes les réalisations faites durant ces dix dernières années dans les territoires, c'est pour cela qu'il rase toutes nos infrastructures là-bas.» Abou Achraf, qui a vite terminé sa réunion, énumère les mémorandums adressés par la communauté palestinienne en Algérie à l'ONU, à la Ligue arabe, à l'Organisation de la Conférence islamique, aux partis politiques algériens et au Président Bouteflika. A ce dernier, il est demandé «plus de fermeté dans le soutien à l'Intifadha et à la résistance palestiniennes ainsi qu'une intervention rapide vis-à-vis des Américains par la voie des réseaux de relations de l'Algérie». L'homme du FDLP indique que la nature d'une initiative de solidarité avec le peuple palestinien est laissée aux partis politiques algériens. Un homme fait irruption dans le bureau: «Opération istichehadia (attentat suicide) à Haïfa, dans un restaurant, je crois qu'il y a vingt morts.» «J'espère que c'est bien vingt!», rétorque Abou Achraf qui ne mâche pas ses mots: «Le message de Sharon est clair. Il dit aux dirigeants arabes qu'il est capable de leur faire subir ce qui arrive à Ramallah.» A son avis, la vie de Yasser Arafat n'est pas en danger. Mais ce n'est pas l'avis d'Abou Nabil, conseiller de l'information à l'ambassade palestinienne, rencontré au siège de l'OLP à Alger. «Sharon veut le liquider physiquement avec la complicité et l'aide des Américains», fulmine-t-il en ajoutant presque en criant: «Nous ne voulons pas de l'oraison funèbre des chefs d'Etat arabes pour Arafat. Il ne cédera pas!» Une information tombe. Le président palestinien a refusé l'offre américaine de l'évacuer vers Le Caire. «Vous voyez, Arafat ne brandira jamais le drapeau blanc!», revient-il à la charge. Des Algériens ont appelé l'ambassade. «On nous a appelés de Khenchela, de Sétif et d'ailleurs pour demander de quelle manière ils peuvent aider et pour être volontaires et partir pour la Palestine», informe Abou Nabil. Vendredi dernier, ce sont 200 militants du MSP qui se sont déplacés au siège de l'OLP pour apporter leur soutien à la cause. «Personnellement, je ne dors plus la nuit», confie-t-il et d'attaquer: «Sharon peut tout détruire en 5 minutes, mais il a préféré nous faire subir le drame au goutte-à-goutte.»