La campagne électorale pour l'élection présidentielle palestinienne du 9 janvier bat son plein. Elle durera jusqu'au 7 janvier à minuit. 7 postulants à la succession de Yasser Arafat, décédé le 11 novembre, s'affrontent au cours de cette bataille électorale, qui devrait être remportée par le candidat du mouvement Fatah, pilier essentiel de l'olp. Mahmoud Abbas alias Abou Mazen, qui a succédé à Yasser Arafat à la tête de l'olp, devrait, sauf surprise majeure, lui succéder aussi à la tête de l'Autorité palestinienne. Yasser Arafat avait remporté haut la main la première élection présidentielle en territoire palestinien, en 1996. Pour beaucoup d'observateurs, ce rendez-vous électoral représente une occasion unique pour les Palestiniens de démontrer à la communauté internationale qu'ils sont capables de créer un Etat sur des bases démocratiques. Pour cela, les élections doivent être propres et impartiales. Les dirigeants palestiniens affirment que tout sera fait dans ce sens. Mahmoud Abbas, âgé de 69 ans, va bénéficier du retrait de cette course à la présidence de Marouane El Barghouti, secrétaire général du Fatah en Cisjordanie, purgeant une peine de prison à perpétuité dans les geôles israéliennes, pour son rôle actif au cours de l'Intifadha. Pour préserver l'unité du Fatah, ce chef populaire, qui aurait été le principal rival de Abbas, a appelé, depuis sa cellule, ses partisans, à soutenir le candidat du mouvement. Abou Mazen, signataire des accords d'Oslo à la Maison-Blanche en 1993, devrait axer sa campagne électorale sur ses liens étroits avec le défunt président Arafat dont il était le compagnon de route. On le voit d'ailleurs à côté de Arafat sur des affiches préparées pour la campagne, avec le slogan « Sur la voie de Yasser Arafat, vers la liberté et l'indépendance » ou « Compagnons de route dans la révolution et dans la paix des braves ». Dans un discours marquant la fin des 40 jours de deuil, Mahmoud Abbas a ainsi rendu un vibrant hommage à Yasser Arafat, le qualifiant de leader « éternel » qui a conduit les Palestiniens au seuil de l'indépendance. Dans la rue palestinienne, Abbas, qui ne jouit ni de la popularité ni du charisme de Arafat, devrait pouvoir l'emporter car les 6 autres candidats sont beaucoup moins connus que lui. Deux d'entre eux sont des représentants de mouvements politiques. Tayssir Khaled représente le Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP). Bassam Essalhi, secrétaire général du Parti du peuple, ex-parti communiste palestinien, représente ce dernier. Le plus connu des 4 autres candidats est sûrement le docteur Moustapha El Barghouti, militant infatigable pour les droits de l'homme et la démocratie. Abou Mazen, Raouhi Fatouh, président par intérim de l'Autorité palestinienne ainsi qu'Ahmad Qoreï, Premier ministre palestinien, ont participé à la messe de minuit à Beïtlehem. Israël avait empêché, au cours des trois dernières années, le président Arafat de participer à cette fête de Noël. « Dieu nous fait espérer (...) que toutes les religions de ce pays pourront vivre dans la paix et la stabilité, et que l'année prochaine sera meilleure que les précédentes », a déclaré Abbas. « Nous tendons notre main aux Israéliens. Nous souhaitons négocier pour promouvoir une paix qui soit basée sur la justice et le droit », a dit Abbas devant un portrait géant de Arafat. Par ailleurs, certaines localités des territoires palestiniens ont vécu des élections municipales comme s'il s'agissait d'une répétition avant le jour J. Les élections précédentes avaient eu lieu en 1976. Ces municipales par étapes se sont déroulées dans 26 localités de la Cisjordanie. Le Fatah a remporté la majorité des 306 sièges, brigués par quelque 886 candidats dont 139 femmes. Un quota de deux femmes par conseil municipal a été fixé. Ces élections test pour le Fatah avant la présidentielle du 9 janvier ont vu la participation du Hamas, principal mouvement radical palestinien. Ce mouvement qui jouit d'une popularité non négligeable a appelé ses partisans à boycotter l'élection du 9 janvier. Aucun incident n'a été signalé au cours de ces élections. Ce serait faire injure aux Palestiniens que de dire que c'est là une prouesse peu commune. C'est davantage le sens de la maturité avec un profond respect pour la pluralité comme cela a été vécu dans leurs organisations qui ont banni la règle de l'unanimité au profit du vote majoritaire. C'est cela la démocratie palestinienne imparfaite en temps de guerre il est vrai. Mais que l'on est loin du chaos annoncé.