Il sera inauguré aujourd'hui à Perpignan (sud de la France) à la mémoire de «disparus» français morts pendant la guerre de Libération nationale. L'événement tombe comme un cheveu sur la soupe. A quelques jours de la visite du chef de l'Etat français, M.Nicolas Sarkozy, il remet sur le tapis la loi du 23 février 2005. La glorification et le rôle positif joué par la colonisation française en Algérie. L'inauguration de ce «mur musée» a pris une dimension officielle. Elle doit avoir lieu en présence du secrétaire d'Etat français chargé des Anciens combattants, Alain Marleix. Le financement de cette opération est assuré par une association de rapatriés d'Algérie. Le Cercle algérianiste. Les choses ne s'arrêtent pas là. La mairie de Perpignan a chargé cette association d'installer un centre de la présence française en Algérie. Il ouvrira ses portes en 2008. Le décor est planté. Les plaies encore non cicatrisées peuvent se rouvrir. La polémique qui a fait rage autour de «la loi du 23 février» peut renaître de ses cendres. Il y a eu pourtant une officielle et vive réaction de la part des autorités algériennes à l'époque. Les résultats ne se sont pas fait attendre. Il s'est ensuivi l'amendement de l'article 4 de cette «fameuse» loi qui glorifiait la présence française dans les territoires d'outre-mer et particulièrement en Algérie. L'ancien président français, M.Jacques Chirac, s'y était personnellement engagé. Les positions de son successeur à l'Elysée, M.Sarkozy, sont connues. Elles ont juste le mérite d'être claires. Pas d'excuses. Pas de repentance. «Ce n'est pas aux générations actuelles de payer les fautes de leurs pères», c'est grosso modo le discours que tient le nouveau locataire de l'Elysée. Et puis des «fautes», il y en a eu de part et d'autre, ajoutait-il en substance. Une manière de tordre le cou à l'histoire. Partenaires commerciaux et économiques incontournables, l'Algérie et la France ne peuvent se passer d'une coopération de haut niveau. Elle reste cependant à construire. Le jeu en vaut la chandelle. Les deux millions d'Algériens installés en France représentent un gage de liens forts entretenus entre les deux rives de la Méditerranée. Cependant et quand bien même les affaires sont les affaires, il y a la colonisation française. Les atrocités commises contre le peuple algérien. Les brimades, les spoliations, ce statut d'indigène et sa condition de sous-homme. Il y a comme un grain de sable qui empêche la machine de tourner à plein régime. Et l'Algérie, par la voix de son chef du gouvernement, M.Abdelaziz Belkhadem, l'a fait savoir: «Il ne peut y avoir de réconciliation que s'il y a des excuses de la part de la France coloniale à l'Algérie indépendante», a déclaré M.Belkhadem à Oran, ce jeudi. La mise en oeuvre du projet qui consiste à ériger un mur sur lequel seront portés les noms de «disparus» ainsi que ceux de 400 soldats tués en Algérie, risque de plomber les relations franco-algériennes. Des voix s'élèvent de l'autre côté de la Méditerranée. Un collectif d'une cinquantaine d'ONG dont le Mrap (Mouvement contre le racisme et l'amitié entre les peuples). Son président, M.Mouloud Aounit, a déclaré: «Demain (hier) je serai à Perpignan pour manifester contre ces nostalgiques de l'ordre colonial.» Sans détours, il a qualifié ce «mur des disparus» en «mur érigé à la gloire de la colonisation et réhabilitant des criminels de la période coloniale». En ce qui concerne les ONG et particulièrement la Ligue des droits de l'homme, la réalisation de ce «mur musée» instrumentalise les mémoires. Il ne faut pas taire les souffrances et il ne faut oublier aucune victime, particulièrement les martyrs de la Révolution, a conclu le communiqué des organisations non gouvernementales. Sans commentaire.