Aux pires moments du terrorisme, les Algériens ont voté. Les quelques gouttes de pluie vont-elles les empêcher de se rendre demain aux urnes? Les élections locales qui s'ou-vrent aujourd'hui 29 novembre 2007, sont une opération à géométrie variable. Les candidats et les électeurs ne sont pas sur la même longueur d'onde. Mis à part les affidés des partis et qui mènent une campagne intéressée, le reste de la population croise les doigts, en sachant à l'avance que ce scrutin sera un non-événement. D'autant plus que les intempéries ont rappelé à tout un chacun des vérités amères. Lorsqu'un père de famille ne trouve plus un marchand de fruits et légumes dans son quartier parce qu'une chasse sans merci a été livrée aux marchés anarchiques (alors que les véritables responsables de l'évasion fiscale ne sont pas inquiétés), et que cela a pour effet d'entraîner une flambée des prix incroyables sur les produits de première nécessité, dont celui de la pomme de terre qui atteint des cimes. Lorsque les ordures ménagères ne sont pas ramassées dans de nombreux quartiers de la capitale, faisant le lit des rongeurs, des moustiques et autres bestioles. Lorsque des orages provoquent l'envasement des principales places et artères de la capitale, l'effondrement des ponts, l'obstruction des avaloirs, on se demande ce qui peut motiver les citoyens à aller voter. Les dernières élections législatives avaient déjà tiré la sonnette d'alarme, les électeurs ayant boudé les urnes. On pouvait penser à l'époque que les Algériennes et Algériens, vu le beau temps, avaient préféré aller à la plage, ou tout au moins à la pêche. Il y a risque qu'en plein mauvais temps, la réponse à l'abstention soit trop facilement trouvée. Et puis, il y a le vote blanc. C'est le geste de ceux qui considèrent que le vote est un acte citoyen, parce qu'il a été arraché et non pas accordé, dans un pays d'un million et demi de chouhada. Ils iront glisser un bulletin dans l'urne, mais ils diront non. Ils se feront un plaisir de rayer tous les noms de la liste, parce qu'aucun parti ne les aura convaincus avec sa phraséologie. Un galimatias fait pour meubler les heures de radio et de télé, ou les après-midi de meeting, dans des salles où mêmes les militants les plus avertis bâillaient d'ennui, en prenant les électeurs pour des demeurés. Après quoi, si on vous envoie une lettre, pour vous demander d'expliquer votre geste, ou votre boycott, vous comprendrez, une fois de plus, que votre refus n'aura pas été ressenti comme une sanction, politique qui plus est, mais comme une faute de votre part. Pourquoi pas une faute de goût! Si abstention il y aura, à qui faudra-t-il imputer la responsabilité? Aux partis qui auront négligé leur travail pendant les quatre années du mandat précédent, ou bien aux citoyens qui n'ont plus confiance ni dans les élus ni dans les partis dans lesquels ils sont militants? Les Algériens ont toujours su faire preuve d'esprit patriotique. Si les locales avaient une quelconque valeur de test patriotique, ne serait-ce qu'une once, l'Algérien aurait répondu présent, mais de là à lui faire prendre des vessies pour des lanternes, il y a un pas, qu'il ne faudra pas lui faire franchir.. Si l'électeur lambda ne va pas voter aujourd'hui, ce ne sera certainement pas à cause du mauvais temps, mais tout simplement parce qu'il n'est pas convaincu du bien-fondé de ce scrutin, ni des programmes qui lui sont présentés, dont il sait qu'ils ne prennent pas en considération ses véritables aspirations et surtout, ne régleront pas ses problèmes de tous les jours. Le mauvais temps ne sera qu'un prétexte. Pour trouver une excuse, au cas où. La fable de la pluie? Rappelez-vous, l'Algérien était allé braver le terrorisme, dans les années 90, au péril de sa vie.