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Une urne pour les « sans-urnes »
Les étrangers veulent participer aux élections
Publié dans El Watan le 12 - 12 - 2005

Le froid sec de ce samedi soir n'appelle pas spécialement au vote. Devant la mairie du XIe arrondissement de Paris, Carole et ses camarades rabattent les passants vers l'intérieur. Une urne transparente attend les électeurs. Tous les habitants sont invités à donner leur avis sur le droit de vote des étrangers aux élections locales.
« Parmi nous, les résidents étrangers non communautaires, nos voisins sont mis à l'écart de la participation aux élections locales, alors qu'ils peuvent voter aux élections professionnelles, scolaires, associatives, syndicales. Pourtant l'opinion publique est désormais favorable au vote des étrangers non communautaires : 56% s'y sont déclarés favorables dans le sondage effectué en novembre 2004 à la demande de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH). De nombreux pays d'Europe ont accordé le droit de vote à ces résidents. En France, depuis 1992, les Allemands, les Britanniques, les Italiens, les Portugais... résidant en France peuvent participer à ces élections, mais ni les Algériens, ni les Canadiens, ni les Chiliens, ni les Maliens, ni les Marocains, ni les Turcs... », remarque la Ligue des droits de l'homme (LDH). Pour faire pression sur les politiques, la LDH organise dans plusieurs villes une votation citoyenne pendant une semaine. Dans la mairie du XIe, ce n'est pas la bousculade mais le flux est discontinu. Plus de 500 personnes se sont exprimées ce samedi. « C'est grâce à cette question que je me suis inscrit sur les listes électorales. Avant, je ne votais même pas. Puis, lors de la dernière campagne de la Ligue des droits de l'homme, je me suis posé plein de questions. J'étais d'accord pour le vote des étrangers. J'ai signé une pétition dans ce sens. Puis, j'ai réalisé que moi-même je n'usais de ce droit. C'était complètement idiot comme démarche », constate Benjamin, « nouveau jeune travailleur », selon sa propre expression. Le résultat d'une opération similaire organisée, il y a près de trois ans, dépassait les 90 pour le « oui » pour le vote des étrangers. Dehors, une grande discussion entre Carole, une militante d'une trentaine d'années avec une vieille dame du quartier.
Aux urnes, citoyens !
« Je ne vois pas pour quoi faire, ce vote ? Ce n'est même pas un vote ! Une votation ? J'ai une petite retraite, il y a trop de Français qui mendient dans la rue. Je suis contre le vote des étrangers. Je trouve qu'il y a trop d'étrangers en France, ils n'ont qu'à voter chez eux », s'exclame la femme âgée. « Vous savez, ces étrangers vivent ici, ils paient leurs impôts, ils travaillent. Ils ne sont pas responsables du montant de votre retraite. De toute façon, c'est un vote consultatif, vous pouvez exprimer votre refus. Il y a deux bulletins, si vous pensez que les étrangers ne doivent pas avoir le droit de voter, exprimez votre choix », répond la militante. Après quelques hésitations, la vieille dame tranche. « Oui, je vais dire non à cette mascarade. Il y a trop d'étrangers en France. Je vais voter pour qu'il y ait moins d'étrangers. Leur offrir le droit de voter ! », s'indigne-t-elle. L'heure de la fermeture approche, les passants continuent d'être dirigés vers l'urne transparente. « Je suis Italienne. J'ai le droit de vote, je ne comprends pas pourquoi les non-Européens n'ont pas les mêmes droits que nous. Nous vivons tous ici, nous devons être égaux. C'est incroyable comme symbole que de voter. Cela veut dire tout simplement qu'on n'est pas seul dans son coin mais qu'on fait partie d'une communauté de vie, qu'on est moins étranger. On partage un destin », s'enthousiasme Silvia. Inutile de lui demander ce qu'elle a voté, elle n'a pris que le bulletin oui qu'elle a mis dans l'urne sans passer par l'isoloir. « Le temps de l'invisibilité est fini. Mon père a passé son temps à passer inaperçu. Il avait peur de tout, d'être mal jugé. Pour lui, la meilleure manière de se conduire en France est d'être invisible. Il me disait que quand on est dans un pays étranger, il faut savoir se taire et ne pas s'occuper de la politique. Il n'a jamais compris que la France est mon pays, autant que l'Algérie était le sien. Quand je lui parle du vote des étrangers, il ne cache pas son scepticisme ou alors il me répond pourquoi pas un maire arabe tant que tu y es. Pourquoi pas ? », confie Halim, cadre gestionnaire. Il est venu avec son épouse, Catherine, et sa belle-famille pour voter. « C'est mon beau-père, militant Vert, qui est tombé sur un tract de la LDH. Sur le site Internet de l'association, il y a tout un dossier consacré à ce sujet. Nous avons le bureau le plus proche. Il est important de voter mais ne pas laisser la droite extrême nous gouverner. Aujourd'hui, on nous traite de racaille et demain ? On ne doit plus se laisser faire. Sinon, on se réveillera avec Sarkozy à l'Elysée », cauchemarde Halim. C'est pourtant grâce à Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur, que ce sujet est revenu dans l'actualité. Le locataire de la place Beauvau a exprimé, à la grande fureur de la plupart des députés de son parti, son souhait de voir les étrangers participer aux scrutins locaux. Pour lui, « cela se fera tôt ou tard ». Ce n'est pas l'avis du Premier ministre Dominique de Villepin ni de Jacques Chirac. « Le sujet est sur la table depuis longtemps. Pour ma part, je crois à la force du lien entre nationalité et citoyenneté : c'est la nationalité qui donne le droit de s'exprimer sur les grandes orientations politiques locales ou nationales. Cette nationalité, tout étranger qui habite sur notre territoire depuis plus de 5 ans peut librement la demander : c'est un choix important qui marque la volonté d'appartenir à la communauté nationale », explique le Premier ministre. L'idée était soutenue par la gauche. Elle remonte même au premier septennat de François Mitterrand. Elle a toujours été agitée par le Parti socialiste durant ses campagnes électorales pour mieux l'enterrer une fois au pouvoir. Le dernier à avoir enseveli cette promesse est l'ancien Premier ministre, Lionel Jospin. « Pourtant, le 3 mai 2000, l'Assemblée nationale a adopté en première lecture une loi qui donne le droit de vote à tous les résidents étrangers pour les élections municipales, loi qui n'a jamais été examinée par le Sénat, alors que des personnalités, des partis de gauche et de droite se sont clairement prononcés en sa faveur », rappelle cruellement la LDH. Plusieurs candidats potentiels socialistes à la présidentielle, particulièrement Dominique Strauss-Kahn, ne manquent pas de souligner que c'est l'un des échecs cuisants de la gauche plurielle. Que c'est faute de ne pas avoir concrétisé cette promesse qu'une partie de la droite se l'est appropriée. Avec toute la démagogie nécessaire. Les résultats de cette votation seront publiés mardi soir.


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