Il ne faut pas s'attendre à un bouleversement de la carte politique à l'issue des locales qui ont lieu aujourd'hui. Le FLN qui drivait la majorité des Assemblées communales sortantes, s'attend à conserver cette prédominance sur les communes algériennes. C'est de bonne guerre que l'ex-parti unique tente de perpétuer cette suprématie qui fait de lui la première formation politique qui règne par son omniprésence sur un champ politique, ankylosé par ailleurs. Que ses «alliés-opposants» de l'Alliance présidentielle -le RND et le MSP- veulent supplanter le parti de Abdelaziz Belkhadem entre dans la nature de la chose politique. La question qui se pose à la classe politique, en fait, est de savoir si cet ordre des choses subsistera au lendemain du scrutin d'aujourd'hui ou sera-t-il bouleversé par l'arrivée d'hommes et de femmes aux dents longues et prêts à suppléer à un ordre «communal» qui a largement montré ses limites? Le bon maintien aux législatives de partis comme le Front national algérien (FNA), le Parti des travailleurs (PT) et autre RCD augure de joutes autrement plus ardues pour les partis de la coalition gouvernementale. Toutefois, peut-on parler sérieusement de carte politique lorsqu'il s'agit d'élections locales -où les leaders politiques, non candidats, ne sont qu'indirectement impliqués- quand la direction des communes n'est qu'un plus qui donne l'avantage psychologique sur les autres partis concurrents et, incidemment, place le(s) parti(s), vainqueur(s), en position de peser sur les destinées des communes. Cependant, tout cela reste relatif dans la mesure où persiste le profond décalage de la vision qui est celle du pouvoir en Algérie, qui fait que les leaders politiques ne sont pas, souvent, des députés et encore moins des maires d'une commune, passage qui est et reste, nonobstant la lecture qui est faite du fait politique en Algérie, le tremplin, sine qua non, d'une carrière politique crédible et véritable. En effet, comment prétendre gérer le pays quand lesdits hommes politiques n'ont pas fait l'expérience de gestion de la gouvernance locale qui est la commune? Ce paradoxe qui se perpétue depuis l'indépendance, fait qu'une carte politique ne peut être que virtuelle tant que ce ne seront pas des «hommes d'Etat» qui gouverneront la commune et représenteront le peuple au Parlement.