L'ordre hiérarchique ou la carte politique, c'est selon, a été préservé lors du scrutin local, nonobstant la percée du FNA. On comprend le soulagement de Noureddine Yazid Zerhouni, tout heureux, certes, ce bonheur est tout relatif, du bon déroulement d'un scrutin que d'aucuns craignaient qu'il ne soit une triste répétition des législatives ratées du printemps. Et ce n'était pas le climat exécrable (pluie, froid, inondations) qui régnait, notamment dans le nord du pays, qui était fait pour rassurer sur une participation «honnête» à cette consultation électorale, d'autant plus que la suppression de la commission de surveillance électorale faisait craindre une large fraude. Il n'en a rien été et ce serait, même au regard du satisfecit exprimé par les partis -toutes tendances confondues- le scrutin le plus crédible qui se soit déroulé en Algérie depuis longtemps. D'ailleurs, le ministre de l'Intérieur s'est félicité de ce fait en déclarant: «Je dois dire que nous considérons que ces élections se sont déroulées dans d'excellentes conditions de transparence.» Et c'était cette transparence qui, tout compte fait, donne tout son crédit au scrutin, ajouté à une participation apparue finalement plus importante que prévue, démentant les appréhensions du contraire que faisait peser le mauvais temps, notamment. Encore faut-il aussi relever qu'aucun parti n'a appelé à l'abstention, ce qui dénote une évolution notable des moeurs politiques en Algérie induites par une maturité certaine dont ont fait les formations en lice. Ceci dit, la consultation de ce 29 novembre a été marquée par la bonne tenue de formations dites «petites» ou «moyennes» face aux mastodontes que sont le FLN, ou supposés tels, à l'instar du RND et du MSP, les trois partis composant la coalition au gouvernement. L'ex-parti unique est certes le grand vainqueur de ces joutes électorales, mais son hégémonie va, en fait, en s'amenuisant d'un scrutin à l'autre perdant par rapport au scrutin de 2002, 163 communes, même s'il a toutefois décroché, au passage, la majorité absolue dans 161 communes, talonné cependant de près par le RND qui suit en obtenant la majorité absolue dans 107 communes. Le troisième parti de la coalition, le MSP, a marqué un net recul n'obtenant le contrôle que de 16 communes. De fait, ces consultations électorales ont enregistré un recul sans précédent de la mouvance islamiste, outre le parti dirigé par Bouguerra Soltani, (qui obtint 10,69% des voix aux APC et 16,00% à l'APW), les deux autres partis islamistes ayant pris part au scrutin, les mouvements El Islah et En Nahda n'ont pas réussi à bouleverser l'ordre établi, n'obtenant respectivement que 1,02% et 0,77% des voix à l'APC et 1,48% et 1,57% des voix aux APW. Le reflux électoral des islamistes induit une nouvelle donne sur la carte politique algérienne, qu'il serait sans doute un peu tôt pour en analyser les possibles prolongements. En revanche, le recul marqué par le FLN semble avoir profité, en priorité, au Front national algérien (FNA) de Moussa Touati, qui a fait un bond appréciable dans la hiérarchie politique nationale, confirmant la progression qu'il avait enregistrée lors des législatives du 17 mai, en étant crédité de 11,29% des voix aux APC et 14,13% aux APW, concurrençant sérieusement le MSP pour la troisième position derrière les hiérarques FLN et RND. Se plaçant dans la lignée nationaliste (FLN) et républicaine (RND), le parti de Moussa Touati a mordu dans l'électorat de ces deux partis faisant montre d'une pugnacité qui a, quelque peu, fait défaut au FLN, notamment. Le Parti des travailleurs, qui participe pour la première fois au scrutin local, a parfaitement tiré son épingle du jeu demeurant perfectible et montrant, par ailleurs, une large marge de progression. Le FFS et le RCD qui ont décroché chacun 12 APC, ont eu des fortunes diverses induites par le léger repli du FFS, compensé par une progression parallèle du parti de Saïd Sadi. Au total, ces élections locales ont apporté un lot d'enseignements qu'il convient d'analyser convenablement pour en tirer les leçons tant au niveau du gouvernement qu'à celui des partis politiques.