Interrogé sur le troisième mandat du Président, Moussa Touati atteste que seule la Constitution peut trancher la question. Le Front national algérien (FNA) crée la surprise. Il se classe en troisième position avec 1578 sièges pour le renouvellement de l'Assemblée populaire communale et en quatrième position pour les Assemblées de wilaya avec 14,3% de suffrages exprimés. Une simple comparaison avec ses performances aux locales de 2002, confirme la montée exceptionnelle du parti. En effet, le FNA se trouvait ces cinq dernières années à la tête de 36 communes et avec seulement 12 représentants aux APW. Les résultats communiqués hier par le ministre de l'Intérieur, M.Yazid Zerhouni, donnent une majorité absolue pour le parti dans 15 APC. Le FNA est en ballottage dans 150 APC et bénéficie d'une majorité relative dans 59 autres. Comment expliquer cette perfor-mance du FNA, le dernier-né de la classe politique? Fort de ses 300.000 adhérents, le FNA se définit dans le courant «novembriste et nationaliste», mais a su adapter son discours politique aux problèmes réels auxquels font face les citoyens. Le parti qui a animé 5600 meetings lors de la campagne électorale, a mis l'accent sur la nécessité de créer «une rupture totale» avec les pratiques et les mentalités qui ont porté préjudice aux intérêts de la nation et à son image. Cette rupture, Moussa Touati, le président du parti, l'a développée dans son programme électoral, axé principalement sur le volet économique. Le chômage, le logement, l'investissement, sont autant de points développés par le chef de file du FNA dans les meeting qu'il a tenus. L'autre stratégie qui semble avoir donné ses fruits, ce sont les rencontres de proximité. Là aussi, Touati a pris l'engagement et ce, directement devant les citoyens que ses candidats vont honorer leurs engagements une fois élus, les appelant à «renoncer à jamais à la politique de l'intérêt personnel qui ne sert nullement le peuple et encore moins le pays». Le FNA est-il en train de devenir une force incontournable dans l'échiquier politique national? Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités Locales, dans une première lecture des résultats, a tenté de réduire l'importance de «l événement». «Je pense qu'il est très difficile d'évoquer une reconfiguration de la carte politique vu la manière dont le parti progresse», atteste-t-il, lors de la conférence de presse. Zerhouni estime que la crise qui secoue certains partis a fini par profiter au FNA. «Le FNA a eu l'intelligence de prêter son sigle aux dissidents issus des formations politiques qui ont connu des problèmes internes» souligne-t-il. Avant de conclure avec cette interrogation: «L'on ignore si les électeurs ont voté pour une éventuelle doctrine politique développée par le parti ou s'ils n'ont fait que suivre le charisme des candidats dissidents?» Les performances du FNA sont souvent sujettes à polémique. Parmi les autres lectures faites par les observateurs lors des derniers scrutins, l'on retiendra celle qui mise sur la confusion née chez les électeurs concernant les sigles du FNA et du FLN. En politique, «il n'y a ni surprise, ni hasard, ni confusion. Le parti n'a fait que confirmer sa percée entamée depuis huit ans», affirme Moussa Touati lors d'une conférence de presse tenue hier au Centre international de presse. Le conférencier a vivement critiqué les propos de Zerhouni estimant que son parti «n'a pas profité des crises qui secouent la classe politique.» «Le parti a réussi grâce à son programme. Le FNA n'est pas un parti de fonctionnaires», a-t-il ajouté. Par ailleurs, Touati a souligné qu'«il ne songera jamais à prendre part à l'Alliance présidentielle». Interrogé sur le troisième mandat du Président, ce dernier atteste que «seule la Constitution peut trancher la question».