Après avoir eu un entretien téléphonique avec le président Abdelaziz Bouteflika, Nicolas Sarkozy a déclaré qu'il viendrait en ami en Algérie. Les préparatifs de la visite d'Etat de Nicolas Sarkozy en Algérie ont commencé par une déclaration du chanteur pied-noir Enrico Macias, qui avait souhaité faire partie de la délégation qui irait dans sa ville natale constantine, elle a continué par l'interview accordée par le ministère des Moudjahidine, Mohamed Cherif Abbas au journal El Khabar sur le soutien apporté par le lobby juif en France à l'élection de Nicolas Sarkozy. L'intervention de Chérif Abbas, à quelque jours de l'arrivée du chef de l'Etat français, était un vrai pavé dans la mare. Cela voulait tout simplement dire que Sarkozy n'était pas bienvenu en Algérie, et cela paraissait bizarre après le déplacement de deux ministres, et non des moindres à Paris, à savoir Hamid Temmar, qui avait rencontré les hommes d'affaires, et Mourad Medelci ministre des Affaires étrangères, qui avait laissé entendre que tout était au top, et que des contrats portant sur près de 5 milliards d'euros seraient signés. Y compris sur des dossiers très sensibles, comme celui du Sahara occidental, Medelci n'avait émis aucune réserve. Par conséquent, la sortie de Chérif Abbas était tombée un peu comme un cheveu sur la soupe. S'agissant d'un membre du gouvernement, il a été écrit çà et là, qu'il ne pouvait pas faire de telles déclarations incendiaires sans avoir été actionné par le palais d'El Mouradia. En France même, et même si l'Elysée semblait temporiser, l'opposition socialiste était montée au créneau pour demander le report de la visite. On avait donc frôlé l'incident diplomatique. Pascale Andréani, porte-parole du Quai d'Orsay, avait même fait une déclaration dans laquelle elle demandait des clarifications du gouvernement algérien: «Nous nous étonnons de ces propos, parus dans la presse, qui ne correspondent pas au climat de confiance et de coopération dans lequel nous préparons la visite d'Etat du président de la République.» Ce qui a amené le ministre des Moudjahidine lui-même à apporter une clarification de taille, en mettant tout sur le dos de la presse. Allant jusqu'à dire avoir été mécontent des propos qu'on lui aurait prêtés. Et finalement, c'est le chef de l'Etat algérien lui-même qui est monté au créneau pour remettre les pendules à l'heure. M.Bouteflika a d'abord passé un coup de fil à son homologue français pour le rassurer, et dans lequel la question des propos prêtés au ministre algérien des Moudjahidine a été abordée. Le chef de l'Etat a précisé la position officielle de l'Algérie, à savoir que: «Le président français sera reçu en ami en Algérie au cours de sa visite d'Etat, visite essentielle pour les deux pays.» Ensuite, la Présidence a fait la déclaration reprise par l'APS. Des vérités sont dites dans cette déclaration à savoir que «constitutionnellement, la politique extérieure relève du domaine réservé du Président de la République et de ses plénipotentiaires dont le ministre des Affaires étrangères en particulier». La politique étrangère, comme on le sait, est conduite directement par le Président ou ses services compétents dûment mandatés. «En dehors des positions exprimées par ces autorités, toute déclaration ou spéculations n'engage que ses auteurs ou ceux qui les publient.» Allant plus loin, le Président de la République apporte cette précision de taille: «Par ailleurs, il n'est pas dans nos traditions, ni dans notre interprétation du devoir de réserve qui incombe à tout responsable de l'Etat, de porter des jugements de valeur sur des hommes d'Etat des pays étrangers ou de nous immiscer dans la politique intérieure des autres Etats, notamment lorsqu'il s'agit d'un pays avec lequel nous entretenons des relations multiples de coopération confiantes et mutuellement bénéfiques.» Après ce faisceau de déclarations, de démentis et de clarifications, il était intéressant de connaître le point de vue de Nicolas Sarkozy, qui s'est trouvé malgré lui au centre d'une polémique qu'il aurait voulu éviter. Répondant sur les chaînes de télévision aux questions de deux journalistes français sur l'actualité française dans les banlieues et à la suite de la grève des cheminots, le président français a rapporté avoir eu un entretien téléphonique avec M.Abdelaziz Bouteflika, et que ce dernier lui aurait confirmé que ces déclarations ne reflétaient en rien la position officielle de l'Algérie. Lui-même a dit à M.Bouteflika qu'il lutterait de toutes ses forces contre l'antisémitisme, l'islamophobie et toute forme de racisme. Avant d'ajouter: «Je viendrai en ami en Algérie. L'incident est clos.»