20 milliards de dollars en Chine, 3 milliards au Maroc, M.Sarkozy compte rallonger la cagnotte avec 5 autres milliards à Alger. Souvent survolté et angoissé, le président français Nicolas Sarkozy est, de plus, un homme pressé. Il semble se placer «dans la continuité de son prédécesseur», tout en ayant pour projet de mieux faire. Mais il est surtout pressé de ramasser des milliards de dollars dont la France a tant besoin en ces moments de crise sociale. Avec une cagnotte de quelque 20 milliards de dollars de contrats obtenus pour son pays -ils concernent, notamment l'achat de 160 Airbus et de 2 réacteurs EPR de troisième génération- le bilan du voyage de Nicolas Sarkozy en Chine semble positif. Six mois après son élection à la tête de la République, il est en passe de devenir un VRP en vadrouille. M.Sarkozy s'en régale devant ses détracteurs qui s'agrippent à la contestation sociale et à la crise des banlieues pour critiquer ses actions. Mais encore une fois, le président français est pressé. Il ne compte pas s'en tenir là. Après son retour de Chine, il atterrit à Alger. Une visite qui n'est pas comme toutes les autres. Selon certaines indiscrétions, ce déplacement serait qualifié de «compliqué» par les représentants des deux gouvernements qui ont assisté aux réunions de préparation. En témoignent les incidents que peuvent provoquer de simples déclarations de part et d'autre à la limite des crises diplomatiques entre les deux pays. D'autre part, plusieurs affaires en suspens «minent» quelque peu ce voyage. Des affaires strictement économiques et/ou, des affaires d'ordre politique. Pour ne citer que le dossier économique, il faut citer l'affaire Renault qui dérange encore, même si la responsabilité algérienne n'est pas écartée dans ce dossier. Il y a aussi et surtout le contentieux historique non assaini. Un grand fossé sépare l'appréciation que se fait chaque pays d'une histoire partagée. Un passé commun, douloureux qui partage plus qu'il n'unit. Ce passé commun est à la source de toutes les tensions entre l'Algérie et la France. C'est pour toutes ces raisons que la visite du président Sarkozy à Alger n'est pas comme toutes les autres. Elle ne sera pas comme toutes les précédentes. On apprend de sources crédibles que les responsables algériens ne se contenteront plus de signer des contrats à vocation commerciale. On affirme que l'amitié n'est pas à sens unique. Aussi évoque-t-on l'assainissement de plusieurs questions en suspens avant de parapher des contrats. Les deux premiers de ces dossiers concernent, notamment la circulation des personnes et le contentieux historique. En d'autres termes, la question qui se pose est: qu'apporte dans ses valises le président Nicolas Sarkozy pour espérer une rallonge de la cagnotte de 20 milliard de dollars qu'il a engrangée en République de Chine? Tous les regards seront braqués sur cette question. Au Maroc, Nicolas Sarkozy a annoncé que la France a signé des contrats pour un montant de 3 milliards d'euros. Qu'à cela ne tienne, Alger n'est ni Pékin ni Rabat. L'Algérie est le premier pays pour les produits français en Afrique devant le Maroc, la Tunisie et l'Afrique du Sud. Mais le marché algérien devient de plus en plus compétitif avec l'entrée de nouveaux concurrents, notamment la Chine et les Etats-Unis. Pour l'Oncle Sam, la France semble décidée à s'en accommoder. Le duo Sarkozy-Kouchner placé comme un socle d'une diplomatie plus «atlantiste» a été porteur. M.Sarkozy a, d'ailleurs, été triomphalement reçu par le président Bush lors de sa visite officielle les 6 et 7 novembre derniers et il a été fortement ovationné lors de son discours devant le Congrès. Sous la présidence de Jacques Chirac, un tel succès aurait, en effet, été impensable. A Alger où le président français sera accompagné d'une centaine d'hommes d'affaires, il doit signer des contrats d'un montant de cinq milliards de dollars. Un rush des Groupes français dont, notamment une vingtaine sont candidats au rachat d'entreprises publiques algériennes. Total, en association avec la Sonatrach, doit investir 1,5 milliard d'euros pour la construction d'un vapocraqueur dont le coût est de 3 milliards de dollars. Quelque 2,5 milliards de dollars doivent être consacrés au programme de privatisation algérien et à d'autres investissements prévus par des grands groupes comme Lafarge, Air Liquide et Saint-Gobain. Le VRP en vadrouille réussira-t-il son pari?