Fini le traité d'amitié. Place à un partenariat d'exception. Au diable enfumades, crimes contre l'humanité, génocide...Les thèmes qui fâchent, on les oublie, l'espace de quelques heures. Jacques Chirac caressait l'espoir de finir son quinquennat en apothéose. Signer un traité d'amitié historique avec son homologue algérien, M.Abdelaziz Bouteflika. Cela se terminera en queue de poisson, en enterrement discret. En rupture totale avec la politique de son prédécesseur, le nouveau président de la République française, M.Nicolas Sarkozy, en visite hier à Alger, veut donner une nouvelle impulsion aux relations franco-algériennes. Elles ne seront pas conditionnées par la signature d'un traité d'amitié, encore moins par une repentance des crimes commis par la France coloniale. «Travail de mémoire» oui. Repentance non. «Je suis donc pour une reconnaissance des faits, pas pour le repentir qui est une notion religieuse et n'a pas sa place dans les relations d'Etat à Etat», a affirmé le président français dans une interview à deux quotidiens de la presse nationale. Il reconnaît qu'«il y a eu beaucoup de zones d'ombre, de souffrances et d'injustices au cours des 132 années que la France a passées en Algérie, mais il n'y a pas eu que cela». Sarkozy veut-il débarrasser l'histoire coloniale française en Algérie de sa barbarie? Ses maréchaux Bugeaud, De Bourmont, Randon et Saint Arnaud ont conquis la terre algérienne par les canons et les fusils. Ils ont pratiqué la politique de la terre brûlée et dépossédé les Algériens de leur terre. Il n'y a aura pas de repentance sous l'ère Sarkozy. Elle ne doit plus être un obstacle pour des relations apaisées avec son ancienne colonie. Les affaires sont les affaires, pourvu que les Algériens en soient convaincus. Cette première visite de Nicolas Sarkozy hors d'Europe, somme toute symbolique, a pour but de réaffirmer «l'amitié profonde» de la France pour les pays du Maghreb, a déclaré David Martinon, le porte-parole de l'Elysée. Dans ses valises, le président français a ramené le projet d'Union méditerranéenne qui constitue un des axes prioritaires de sa politique étrangère. Si, en particulier, aucune signature d'accord n'est attendue, des «contacts» entre la compagnie nationale Sonatrach et les sociétés françaises telles que Gaz de France, Suez et Total ne sont pas à exclure. Le groupe pétrolier privé Total s'est dit, hier «favorable» à une «coopération» avec le groupe public algérien d'hydrocarbures Sonatrach, avec lequel il collabore déjà en Algérie. «Nous sommes favorables à une coopération avec Sonatrach», a déclaré une porte-parole de Total. «Nous avons autant besoin de sécuriser nos approvisionnements en gaz pour le futur, de pouvoir compter sur un accès sûr et garanti au marché français et au delà, européen», a confié le président français à deux quotidiens nationaux (El Khabar et El Watan). M.Sarkozy qui a souhaité que les investissements français en Algérie se développent, (ils représentent quelque 1,7 milliard d'euros en 2006) a aussi évoqué l'éventualité certaine d'une coopération dans le domaine du nucléaire civil. La France dispose de la technologie nucléaire, alors que l'Algérie commence à penser à l'après-pétrole, a-t-il ajouté. Quant au conflit du Sahara occidental, le président français a estimé qu'«il était grand temps de trouver une solution durable». Il espère que l'Algérie aura à coeur d'y contribuer. Connaissant la position de principe de la diplomatie algérienne sur ce point précis, le conflit du Sahara occidental est un problème de décolonisation. Le président français s'en est sorti par une pirouette: l'annulation de son étape marocaine, pour éviter, sans aucun doute, les questions qui fâchent.