Un sujet qui achève un cycle de documentaires sur la triste situation de la femme en Algérie... «Je voudrais témoigner de ma reconnaissance à ces associations et à toutes ces femmes qui ont accepté de témoigner à visage découvert, à l'exception d'une seule qui a fléchi sous la pression de son mari...A toutes ces femmes courageuses qui ont voulu casser le tabou et dire qu'il est temps de dépasser cette tradition patriarcale archaïque, qui dit que la femme se doit d'être soumise au diktat des hommes», a déclaré, en préambule, Sid-Ali Mazif, dimanche dernier à la salle Cosmos de Riadh El Feth, à l'occasion de sa réouverture qui abrita l'avant-première de son documentaire traitant de la violence contre les femmes. Un documentaire produit par Procom International que dirige Nadia Cherabi Labidi, qui, elle, se bat aussi pour le respect, la dignité et l'émancipation de la femme en Algérie. A travers plusieurs témoignages dont des femmes victimes de violences conjugales, de coups et blessures, mais aussi de responsables d'association, notamment SOS femmes en détresse ou encore de commissaires de police femmes, ce documentaire lève le voile sur un phénomène de société considéré toujours comme un tabou en Algérie. Ce film dénonce ces gestes au quotidien et exhorte certains hommes à se soigner quand cela relève de l'exception pathologique. Après avoir balayé la ville de par un long travelling, le film s'ouvre sur une séquence reconstituée où une femme battue court dans la nuit se plaindre au commissariat le plus proche. Une entrée en matière dont on aurait pu se passer. L'on apprend aussi que rien que pour le premier trimestre 2007, il a été enregistré 1879 cas de femmes violentées. Autre constat fait -on parle ici de harcèlement sexuel qui représente une autre forme de violence-, ce sont toutes les catégories sociales qui sont touchées, que ces femmes soient jolies ou non, analphabètes, travailleuses ou même femmes de ménage, jeunes ou âgées. S'agissant des séquelles physiques, cela commence généralement par des ecchymoses et quand la femme est résignée, cela se transforme petit à petit en grands coups assénés avec force, rapporte ce médecin légiste. Comme le cas de cette femme qui a été frappée avec une barre de fer ou encore celle agressée avec un tournevis planté en plein cou...Il est évoqué, par ailleurs, l'éducation conservatrice qui prévaut dans les sociétés musulmanes en général et qui permet au frère, dès son jeune âge, d'endosser le statut d'être supérieur à sa soeur. «Ces hommes qui battent leurs femmes est une maladie sociale» dira Faïka Medjahed...Aussi, à travers le témoignage de ces filles des centres du SAMU, il est signalé l'éclatement de la cellule familiale avec ces enfants marqués à vie. Le documentaire a le mérite de poser la question de savoir que deviennent ces enfants non déclarés et l'urgence de les réhabiliter dans la société qui, elle, n'épargne personne. S'il est mentionné que l'auteur de violence contre une femme peut écoper d'une peine de prison de 5 ans -ce qui est très minime-, le documentaire fera surtout état de tous ces cas d'inceste où les bourreaux sont restés impunis. Il est très difficile à toutes ces femmes de se réinsérer dans la vie socioprofessionnelle. Le documentaire, qui pèche par une narration un peu trop aléatoire au niveau du montage, a choisi le mariage comme une des solutions possibles et souhaitées par ces femmes pour s'en sortir: fonder un foyer et surtout apporter toute l'attention et la tendresse nécessaires à leurs enfants pour échapper à la destinée de leurs parents. Mais combien sont-elles à s'en sortir réellement et qu'en est-il concrètement sur le plan juridique, et plus précisément du Code de la famille qui dénie à la femme la plupart de ses droits? Il est temps, en effet, de repenser la société en revoyant le système et ses lois et instaurer de nouveaux codes pour de nouveaux comportements, plus civilisés...Cela s'appelle tout simplement le respect de la dignité humaine.