C'est une première depuis l'arrivée des entreprises étrangères en Algérie. Des dizaines de travailleurs algériens appartenant à la société Baker Atlas Algérie spécialisée dans les services pétroliers, subissent les affres du désert à Hassi Messaoud. Exclus de la base vie de cette entreprise, ils ont passé 14 nuits sous le froid glacial du Sud. Pire, ils ont entamé une grève de la faim pour se faire entendre. C'est une première depuis l'arrivée des entreprises étrangères en Algérie. Se sentant lésés et marginalisés, ces salariés crient à l'injustice et au dépassement sans précédent. Ont-ils commis l'irréparable pour qu'ils soient «punis» de cette façon? Qui leur a interdit l'accès à leurs chambres, et au restaurant...? Le bras de fer entre ces travailleurs algériens et M.Amrou Teirel Bar, directeur général de l'entreprise s'est engagé il y a maintenant 14 jours. Installé depuis une année et demie, ce responsable d'origine égyptienne veut imposer sa loi dans le mépris des employés, selon un fonctionnaire gardant l'anonymat par peur de représailles. «Depuis son installation, un climat morose règne au niveau de l'entreprise», poursuit ce fonctionnaire, parlant au nom des grévistes. Les agents de la sécurité interne, précise ce fonctionnaire, exécutent ses ordres à la lettre. Suite à cette situation dégradante, les grévistes ont eu recours à la justice aux fins de remettre les pendules à l'heure. L'affaire a été traitée par le tribunal de Hassi Messaoud le 5 décembre de l'année en cours. Le verdict tant attendu a été en faveur des grévistes. «Le juge nous a invités à reprendre notre travail à compter de mardi dernier» explique le gréviste. Les travailleurs ont-ils rejoint leur travail? La situation est «stationnaire» comme si le juge ne s'était pas prononcé. Les agents de sécurité interdisent aux travailleurs de rejoindre leurs chambres. La reprise du travail est renvoyée aux calendes grecques. L'entreprise est semi-fermée. De peur de mourir de faim, les grévistes ont fait appel au Croissant-Rouge algérien (CRA) pour une éventuelle assistance. Les responsables de cet organisme, selon notre interlocuteur, ont précisé au directeur général de la société en question, qu'en cas de persistance de la situation, le CRA prendrait en charge cette frange en difficulté. En dépit de cette intervention, les salariés en grève ne s'alimentent qu'en cachette. Interrogé sur les propos insultants qu'aurait tenu le directeur général «accusant les institutions de l'Etat d'être corrompues,» notre vis-à vis a précisé que ce sont des termes ignobles. «Il (le directeur Ndlr) laisse entendre qu'à cause de la corruption qui règne en Algérie, son exercice convenable de son travail lui a été rendu impossible» explique le fonctionnaire. D'autres propos, plus graves ceux-ci, ajoutent les mêmes sources, ont été prononcés par M.Amrou. Ce dernier, ayant deux bases, à Adrar et In Aménas, a laissé entendre qu'il est menacé par un groupe terroriste algérien. Une manière de semer la zizanie puisqu'il semblerait que «son permis de travail a expiré depuis le 12 octobre 2007. Il exerce dans l'illégalité» poursuit-il. Une enquête a été ouverte. D'autre part, il convient de préciser que les grévistes demandent, avec insistance, de revoir la situation des 53 salariés licenciés par le responsable égyptien, sans recourir à la justice, et ce depuis le 2e jour de la grève. Un autre dépassement. Voulant mieux s'organiser, les grévistes comptent constituer un syndicat des travailleurs pour faire entendre leurs doléances.