Au moment où le wali appelle au dialogue à travers les ondes de la Radio locale, les étudiants ont opté pour la fermeture, aujourd'hui, de la RN9 entre 8 heures et 16 heures. Le blocus des campus universitaires était encore maintenu hier à Béjaïa, en l'absence de concertation entre les deux parties. Une situation ayant poussé le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes), à travers sa section de Béjaïa, a rendre public un communiqué. Dans ce document, la section du Cnes s'insurge contre le «pourrissement» qui s'installe à l'université Abderrahmane-Mira. Un pourrissement engendré par le refus «des pouvoirs publics d'ouvrir des négociations sérieuses autour des revendications sociopédagogiques contenues dans la plate-forme de revendication» élaborée il y a près d'une vingtaine de jours par la communauté estudiantine. Cette dernière entame sa deuxième semaine de grève. Le Cnes considère également que «les responsables du secteur, le rectorat, la direction des oeuvres universitaires, la wilaya et le ministère de tutelle auraient dû engager le dialogue» avant de qualifier «leur démarche actuelle de mépris». Plus loin, le syndicat des enseignants «condamne cette politique de pourrissement qui ne fera qu'aggraver la situation». Cette sortie médiatique du Cnes de Béjaïa s'ajoute à l'appel émanant du rectorat pour un dialogue que «les étudiants refusent» alors que «la solution se trouve dans le dialogue et la concertation». Ce même appel au dialogue a été refusé par les organisateurs lorsque le wali de Béjaïa les y a invités en marge de leur manifestation d'avant-hier. Une tentative d'entente commence à prendre forme donc autour de ce concept qui peut dénouer le conflit et permettre une issue positive à la crise. Il faut dire que certaines revendications ne relèvent ni du rectorat, encore moins de la DOU et de la wilaya. Et c'est justement là que réside l'incompréhension, avancent certains observateurs locaux. Le préavis de grève des étudiants a été adressé au directeur général des oeuvres universitaires et, par définition, au ministère de l'Enseignement supérieur, seule instance en mesure, à leurs yeux, de répondre à leurs doléances. Telle est l'explication avancée par les manifestants pour expliquer leur rejet du dialogue avec les représentants locaux, dont ils exigent par ailleurs, le départ, faut-il le noter. S'agissant «des revendications nationales, seul le ministre peut apporter des réponses», indiquait hier un étudiant. La revalorisation de la bourse d'étudiant peut-elle en effet être discutée avec le recteur ou le wali? «Quand bien même ils sont des représentants officiels au niveau local, ils ne peuvent aucunement décider», affirmait avec conviction un autre étudiant. Il en est de même pour «la décentralisation des oeuvres universitaires» jugée comme mesure à même d'améliorer les conditions d'hébergement et de restauration. Cette revendication reste cependant «douteuse», de l'avis même de certains étudiants, notamment les anciens qui ont eu à vivre ses effets lorsqu'elle était en vigueur. Toutes les revendications des étudiants relèvent de la responsabilité du ministère. L'incompréhension s'installe donc après quinze jours de grève. Quant à la tournure que prendra le mouvement, il faut attendre les prochains jours pour voir. Entre les appels au dialogue des uns, le rejet des autres et les accusations parfois mal ciblées de certains, le climat se corse. Hier, les employées du campus d'Aboudaou ont été malmenées. Un autre mauvais épisode d'un mouvement pourtant, dit, pacifique.