Entre le 1er janvier et le 30 décembre 2006, le Gspc a revendiqué plus de 150 opérations dans diverses régions du pays. L'Algérie est confrontée à une recrudescence des violences depuis le ralliement, en septembre 2006, du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc) algérien au réseau Al Qaîda, dont il est devenu la Branche au Maghreb islamique (Baqmi). La Baqmi avait revendiqué, le 6 septembre dernier, l'attentat-suicide contre le cortège du président Abdelaziz Bouteflika à Batna, qui avait fait 22 morts et plus de 100 blessés. Depuis, la Baqmi a également revendiqué un attentat-suicide à la voiture piégée, perpétré contre une caserne de gardes-côtes à Dellys, faisant 32 morts et 45 blessés. Entre le 1er janvier et le 30 décembre 2006, le Gspc a revendiqué plus de 150 opérations dans diverses régions du pays: attaques contre des postes de police ou de gendarmerie, des éléments de l'armée en patrouille, des fourgons blindés, des assassinats ciblés, des actions de sabotage etc. Sur les sites Internet fréquentés par les partisans et les sympathisants d'El Zarqawi, plusieurs messages adressés par le commandement d'Al Qaîda en Irak, ont félicité le Gspc pour son «action djihadiste» en Algérie. Depuis la mort de Zarqawi, en 2006, les principaux chefs du Gspc ont veillé, à travers une série d'entretiens disponibles sur le site Internet du groupe, à justifier leurs positions vis-à-vis des attentats à la voiture piégée qui ont fait des victimes civiles. Les attentats du 11 avril 2007 à Alger sont l'aboutissement logique d'une radicalisation qui vise un alignement systématique sur les pratiques d'Al Qaîda en Irak. D'ailleurs, la propagande du Gspc tendait vers cette forme de terrorisme suicidaire et spectaculaire qui constitue la marque de fabrique d'Al Qaîda en général depuis les attentats du 11 septembre 2001. Mais jusqu'en septembre 2006, on doutait encore de la nature exacte des liens qui unissaient le Gspc, d'une part, aux autres groupes salafistes du Maghreb et d'autre part au commandement central d'Al Qaîda. En un an, les choses ont changé radicalement, comme le montrent les événements des mois qui ont suivi. Le Gspc adopte les thématiques et la rhétorique d'Al Qaîda, comme pour se fondre dans le moule de l'organisation. On voit également s'affirmer une vision panislamiste qui était, auparavant, quasiment absente du discours du Gspc. Un communiqué affèrent au ralliement du Gspc à Al Qaîda a été diffusé sur le site Internet du groupe. Or, il apparaît à travers ce communiqué, selon les spécialistes, que l'organisation d'Al Qaîda n'a nullement sollicité ce ralliement, mais qu'il s'agit bien d'une démarche personnelle et volontaire du Gspc. Il y aurait à la fois des raisons pragmatiques à ce ralliement, mais aussi des justifications morales. Ce ralliement aurait été longuement débattu au sein du conseil du Gspc selon le même communiqué. Le seul point de divergence portait sur le terrain prioritaire du Jihad: l'Algérie ou l'Irak? Le groupe s'inscrit par la suite dans la stratégie générale de l'organisation. Mais les cibles étrangères ne sont pas si nombreuses ni si faciles à cibler en Algérie. D'abord, parce que la plupart des sociétés dites étrangères sont, en réalité, des sociétés mixtes où la majorité des employés sont des Algériens. Ensuite, parce que ces cibles sont bien protégées. Mais la bête blessée frappe toujours là où elle n'est pas attendue.