Plus d'une dizaine de milliers de citoyens ont assisté aux funérailles de Tounsi Djamel, âgé de 26 ans, appelé par tous «Djino». L'inhumation a eu lieu dans son village natal, Aït Saïd dans la commune de Mizrana, dans l'enceinte du siège de l'APC. Il est à rappeler que «Djino» a été tué dimanche au soir lors des affrontements sanglants qu'a connus la ville de Tigzirt. Des milliers de voix scandaient à l'unisson: «Ulac smah ulac» et «Pouvoir assassin». L'émotion est à son comble à l'arrivée de la dépouille mortelle sur le lieu de l'enterrement. On a du mal à se frayer un chemin à travers cette marée humaine. Après une minute de silence, l'hymne national, version Matoub, à la mémoire du jeune martyr, a retenti. La mère, le frère du défunt ainsi que les délégués de la coordination locale ont pris la parole pour lancer un appel au calme. «Mon frère, qui appelait au calme, quelques minutes auparavant, a été lâchement poignardé par un groupe de 7 gendarmes. Chers frères, faites attention, ces ‘‘escadrons de la mort'' sont venus pour tuer. Soyons tous unis pour que Djino soit la dernière victime avant la paix», déclare Hamid, le frère de la victime. Il poursuit: «Je lance un message à Bouteflika, notre Président. Au lieu de répondre favorablement à nos revendications, dans son discours, il a descellé la plate-forme d'El-Kseur, et il a fait abattre sur nous une répression inouïe. Qu'il sache que l'Algérie de Djino vaincra.» Rencontré sur les lieux, le député Madjor Saïd, nous déclare à propos de la situation actuelle de la Kabylie: «C'est une punition qui s'abat sur notre population. Le pouvoir en place veut créer une situation d'exception pour commettre le pire.» Tout en appelant la population au calme et à la vigilance, il poursuit: «Le combat doit continuer pacifiquement et l'implication de tous les citoyens s'impose pour éviter l'embrasement.» Les funérailles de Djino ont été à la hauteur de son héroïsme et de son amour pour une Algérie meilleure.