Cette marée humaine a scandé, tout au long de la grande rue de cette ville, les slogans habituels au mouvement. La ville de Tigzirt a connu une grandiose marche populaire suite à l'assassinat du jeune Tounsi Djamel, appelé par tous «Djino», par les éléments de la gendarmerie de cette localité, il y a quelques jours. Estimée à plus de vingt mille personnes, cette marée humaine a scandé, tout au long de la grande rue de cette ville, les slogans habituels au mouvement, et d'autres pour dénoncer le lâche assassinat de «Djino». «Ulac smah ulac», «Y'en a marre de ce pouvoir», «Djino est toujours parmi nous», «Kabylie echouhada» scandaient ces dizaines de milliers de voix, à leur tête, le père de «Djino», brandissant dignement, le portrait de son fils assassiné. La colère était à son comble, lorsque la foule est arrivée à la hauteur du siège de la gendarmerie. La foule excitée criait: «Vous ne pouvez pas nous tuer, nous sommes déjà morts», «nous sommes tous des Djino». Une prise de parole et une minute de silence ont été observées sur le lieu où «Djino» a été assassiné. Du haut du balcon de la mairie de cette ville, des délégués se succèdent au micro. Tout en appelant au calme et à continuer le combat dignement, le délégué Zeroual, déclare à la foule: «Nous refusons la clandestinité. Nous n'avons pas tué pour l'être. Nous réclamons un Etat de droit et de réelle démocratie. Nous refusons l'Etat policier et l'Etat intégriste.» Quant au docteur Benkhamou, lui aussi délégué, il déclare à la foule: «Nous vous donnons le serment que nous n'arrêterons pas notre combat, jusqu'à l'aboutissement de la plate-forme d'El-Kseur, pour laquelle Djino et tous les autres se sont sacrifiés.» Invitant la foule à se disperser dans le calme, les délégués lui ont demandé d'allumer des bougies, ce soir à travers toutes les contrées de la région à la mémoire de «Djino».