Les prix du mouton sont tellement élevés que nombreux seront ceux qui feront, cette année, l'impasse sur le rite. A moins de 48 heures de la fête de l'Aïd El Adha, des marchés informels pour cheptel ovin continuent à proliférer dans plusieurs localités de la wilaya de Béjaïa, ainsi qu'aux abords des routes et quartiers du chef-lieu de wilaya. L'achat du mouton de l'Aïd est sujet à discussion et les orientations vont bon train vers tel ou tel marché afin de dénicher le «mouton rare». Mais force est de constater que cette année encore, un rite, qui a défaut d'être celui d'une fête familiale largement garnie, s'est transformé avec le temps en cauchemar rien qu'à l'idée d'affronter les enfants. Le mouton se fait désirer. Il n'est plus à la portée de tout le monde. Il est le roi de la circonstance. Il accapare les esprits. Il crée les embouteillages. Il est à l'origine de bien des crises. Les prix imposés par les maquignons sont exorbitants, c'est de l'avis même de certains acheteurs abordés. Un mouton coûte entre 15.000 et 26.000DA, selon la taille...En cette veille de l'Aïd, il sera encore inabordable. Les retardataires seront bien surpris, eux qui misent sur la baisse des prix motivée par le souci de liquidation. Ces derniers vous justifieront les prix par la rareté et la cherté du foin ou par les frais du transport expliquant que la majorité des troupeaux ont été acheminés des régions lointaines. A Béjaïa, le mouton est partout, mais rare sont ceux qui achètent. Dans les quartiers, les rues. Une habitude qui n'inquiète nullement les pouvoirs publics et les services de sécurité. Une anarchie qui s'ajoute à l'insalubrité pour donner l'image d'une ville-marché. Dans les autres régions, point de différence. Et comme l'Aïd ce n'est pas seulement le mouton, la flambée des prix des fruits et légumes prend forme. Il en est de même pour les habits. Pas de rahma! semblent dire tous ces maquignons et marchands. Etranglé, désemparé, livré pieds et poings liés aux barons du marché, il ne reste au citoyen que les plaintes. Mais qui l'entendra? Qui viendra à son secours? Ces milliers de croyants qui se rendent chaque jour pour ne pas dire chaque minute à la mosquée? Les pouvoirs publics? Aucune chance, ils sont occupés ailleurs.