Cette loi prévoit une importante enveloppe budgétaire pour la finalisation des grands chantiers lancés depuis quelques années. L'année 2008 est-elle une année charnière? De nombreux chantiers doivent arriver à échéance. Et le gouvernement est mis au pied du mur pour l'achèvement des travaux et pour la livraison de projets: on attend au tournant, à une année de la présidentielle, l'autoroute Est-Ouest, le métro d'Alger, le million de logements et les deux millions de postes d'emploi. Les difficultés sont d'autant plus à craindre qu'on assiste à une flambée des prix des produits de base. Cela dit, la loi de finances 2008 diffère des précédentes en ce qu'elle fait siennes un certain nombre de préoccupations légitimes et qu'elle corrige des dysfonctionnements qu'on avait constatés dans le passé. D'abord, elle prévoit une importante enveloppe budgétaire pour la poursuite de la réalisation du Programme complémentaire de soutien à la croissance. C'est, on ne le dira jamais assez, l'un des axes principaux de la politique algérienne, qui vise à doter le pays des infrastructures dont il a besoin pour amorcer son développement. Ensuite, elle introduit de nouvelles mesures de réduction de la pression fiscale: on le sait, trop d'impôt tue l'impôt. Et c'est surtout l'IRG qui est visé ici. Il s'agit, en l'occurrence, d'encourager la création de postes d'emploi tout en permettant aux travailleurs aux bas salaires d'améliorer leurs revenus. En l'occurrence, cela concerne le relèvement du seuil non imposable de l'IRG de 60 000 dinars à 120.000 dinars par an et de l'exemption de la TVA des laits infantiles tant importés que fabriqués localement, et qui est actuellement soumise à un taux de 7%. C'est un gain appréciable, à ne pas négliger, pour les couches populaires. L'autre volet, et non des moindres, concerne le soutien des ménages au logement, sous la forme de bonification des taux d'intérêts des prêts accordés par les banques aux fonctionnaires, ainsi que les moyens consentis pour la construction des habitations en remplacement des chalets installés à la suite du séisme de 1980, et aux propriétaires sinistrés des locaux à usage commercial, industriel ou artisanal dans les wilayas d'Alger et de Boumerdès, détruits à la suite du séisme de mai 2003. En revanche, et afin d'éviter toute spéculation, les logements sociaux cédés à leurs occupants ne peuvent être vendus par leurs propriétaires pendant une période inférieure à dix ans. En dernier lieu, il y a bien sûr les mesures d'encouragement à l'activité économique. On peut classer, dans ce cadre, l'abrogation de la clause obligeant les sociétés d'importation de marchandises destinées à la revente en l'état de disposer d'un capital social minimum de 20 millions de dinars. On sait que cette clause avait eu pour conséquence de rétablir les monopoles et de provoquer la ruine de plusieurs milliers d'opérateurs économiques et ce, au profit d'une poignée d'affairistes qui, en retour, n'ont pas su prévoir les pénuries auxquelles on a assisté pendant toute la période estivale, notamment celle de la pomme de terre, s'ils ne sont pas derrière elles, ces pénuries. Le gouvernement est-il au service de tous les Algériens ou bien à celui de quelques privilégiés? On ne peut donc que saluer cette initiative de la loi de finances 2008. Pour le reste, il faut savoir que sur le plan budgétaire, il est prévu des recettes de 1924 milliards de dinars (+5,1% par rapport à la loi de fiances de 2007) et des dépenses de 4322,9 milliards de dinars (+9,5%): 2018 milliards de dinars pour le fonctionnement et 2304,9 milliards de dinars pour l'équipement. Comme on peut le constater à travers les chiffres, le déficit est important. Il atteindra les 2398,9 milliards de dinars et le déficit du Trésor de 1766,9 milliards de dinars. C'est là que le Fonds de régulation des recettes (FRR) intervient dans le financement global du Trésor. Cela va sans dire que, pour la énième année, le budget a été adopté sur la base de 19 dollars le baril de pétrole, et sans doute faut-il relier à cela cette déclaration tonitruante faite à Constantine par M.Hamid Temmar, qui a laissé entendre qu'il n'y avait plus d'argent dans les caisses de l'Etat. Pour le reste, il faut savoir que l'année 2008, quatrième année de mise en oeuvre du Pcsc, il est prévu un PIB de 6863 milliards de dinars, une croissance économique globale de 5,8% (6,8% hors hydrocarbures) une inflation de 3%, une progression de la valeur des exportations de marchandises de 2,7%, un taux de change de 72 dollars pour 1 dinar et un accroissement de 10% dans les produits des douanes.