Le rapport de l'Office national des statistiques (ONS) y jette le doute. Les chiffres rendus publics par l'Office des statistiques sur la production industrielle du secteur public national font apparaître une baisse. Elle est de l'ordre de 0,9%. Ce qui, en temps normal, représenterait quelque chose de banal. Dans le cas de l'existence d'une économie productive, créatrice de richesses, on aurait pu invoquer maintes raisons. Le marché mondial, les produits compétitifs, la conjoncture internationale...et que sait-on encore. En y regardant de plus près, les choses se présentent autrement. Des secteurs ciblés et jugés parmi les plus viables ont enregistré des contre-performances qu'il est difficile de faire. Surtout que c'est sur eux que doit s'articuler la mise en oeuvre d'une véritable stratégie industrielle. Jugeons-en. Les contre-performances signalées par le rapport de l'Office national des statistiques montre l'étendue des dégâts. Par rapport à l'année 2006, et pour la même période, les industries manufacturières ont connu une baisse de 5,1%. Les branches qui ont, cependant, le plus souffert sont les industries chimiques avec -12,3%, les textiles (-17%), les industries agroalimentaires (-8,1%), les cuirs et les chaussures (-9,4%) et l'industrie papetière (-8,7%). Les industries métalliques, mécaniques, électriques et électroniques (Ismmee -19%) et les industries chimiques, toutes branches confondues, avec -21,6% sont parmi les plus affectées, nous annonce-t-on. Des contre-performances qui ne peuvent passer sous silence. Pourquoi? M.Hamid Temmar, ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, avait dessiné les contours de la politique de stratégie industrielle que les pouvoirs publics comptent mener. Des secteurs clés ont été sélectionnés. L'industrie de la pétrochimie, de la mécanique, de l'électronique, de l'agriculture et du tourisme doivent en constituer la colonne vertébrale. Les chiffres que vient de nous communiquer l'ONS ont de quoi jeter le doute sur la viabilité d'un projet d'une telle envergure. Il est extrêmement important de rappeler que l'Algérie souffre de l'absence totale d'une économie productive créatrice de richesses. Les spectaculaires augmentations engrangées par les secteurs de l'énergie et des hydrocarbures, respectivement +7,8 et +4,1%, doivent servir de tremplin pour la mise en oeuvre d'une économie productive hors hydrocarbures. 59 milliards de dollars pour l'année 2007. Tous les grands projets initiés ont été annoncés en grande pompe. Infrastructures routières, logements, «Alger, capitale de la culture arabe», et parmi eux figure en bonne place celui de la stratégie industrielle. Un projet particulièrement sensible. Selon M.Lamiri Abdelhak, expert et docteur en sciences de gestion, diplômé de l'université de Californie, «la stratégie industrielle, prônée dans de telles conditions, représente un non-sens». L'état de désorganisation de l'économie est tel que l'opération relèverait du miracle. «La stratégie industrielle doit avoir une perception globale», nous a déclaré notre expert. Le morcellement des projets devrait donc prouver son efficacité. Il y eut une rencontre nationale le 9 décembre et des assises nationales les 26, 27 et 28 février 2007, autour de la stratégie nationale. Lors de ces dernières, le président de l'Unep (Union nationale des entrepreneurs publics), avait déclaré: «La mise à niveau devrait bénéficier de plus d'attention de la part des pouvoirs publics. Cette mise à niveau pourrait générer des gains de productivité et de rentabilité par une meilleure maîtrise des nouvelles technologies et du management.» Près de deux ans se sont écoulés et les entreprises algériennes vont de contre-performance en contre-performance. Alors? La stratégie industrielle: de la poudre aux yeux?