Malgré la revendication par Al Qaîda de l'assassinat des quatre touristes français, les Mauritaniens restent sceptiques. Les Mauritaniens doutent qu'Al Qaîda soit à l'origine de l'assassinat, le 24 décembre 2007, à Aleg (250km à l'est de Nouakchott), des quatre touristes français. Il est vrai qu'Al Qaîda a revendiqué l'attentat, mais les Mauritaniens pensent que cela ne doit être pris en compte que dans l'équation de médiatisation de cette nébuleuse islamiste et organisation criminelle. C'est-à-dire qu'Al Qaîda n'hésite aucunement faire feu de tout bois pour les besoins de médiatisation et «d'internationalisation» de ses actes terroristes. Les services de sécurité mauritaniens sont en train de développer une idée qui n'était, justement, pas écartée par les Algériens. Celle-ci est liée à la tactique de ralliement à Al Qaîda de cellules terroristes maghrébines. Car lorsqu'un attentat est perpétré en Algérie ou au Sahel, cela peut-être commis par le Gspc (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), mais peut servir aussi Al Qaîda. Et quand cette organisation revendique un attentat commis par le Gspc qu'elle préfère appeler «Al Qaîda aux pays du Maghreb islamique», cela ne fera que médiatiser le groupe d'Abdelmalek Droukdel, visiblement affaibli et miné par les luttes intestines. Les doutes des Mauritaniens sur le fait qu'Al Qaîda soit derrière l'assassinat des touristes français, ou encore l'attaque de jeudi dernier de la caserne de l'armée mauritanienne au nord du pays, sont éventuellement légitimes. Cette approche va dans le même sens que celle développée par d'autres observateurs de la scène sécuritaire et selon laquelle la tactique de ralliement utilisée par Al Qaîda constitue bel et bien une bouffée d'oxygène qui alimente le coeur de cette organisation terroriste. En d'autres termes, la tactique de ralliement qui, au bout du compte, semble bien arranger Al Qaîda, sert, ni plus ni moins, d'opération de médiatisation et de récupération des dernières cellules terroristes qui activent encore dans certaines régions du monde arabe. Dans la foulée, l'équation suppose que le ralliement du Gspc à Al Qaîda n'est, après tout, qu'une opération de mise à la disposition de la nébuleuse islamique d'Oussama Ben Laden des résidus du terrorisme algérien. Cette organisation, pour mémoire, n'avait jamais caché ses intentions de lutter contre l'ensemble des régimes arabes. Néanmoins, la responsabilité du Gspc, désormais sous les ordres d'un certain Yahia Djouadi, alias Abou Amar, dans la «zone9» (Sahara), dans l'attaque du 27 décembre 2007 contre un cantonnement de l'armée mauritanienne, semble être presque établie. Yahia Djouadi était aussi, à en croire certaines sources, le pilote de l'agression terroriste de novembre 2007 contre l'aéroport de Djanet (Illizi). Mais si le Gspc roule concrètement pour Al Qaîda, il est évident donc que cette organisation soit à l'origine du retour de la violence terroriste en Mauritanie. Ce qui contredirait les pistes privilégiées par les services de sécurité mauritaniens qui doutent qu'Al Qaîda soit à l'origine de l'assassinat des quatre touristes français. En Algérie, le recours du Gspc aux attentats suicides et à la voiture piégée donnent aux opérations terroristes un cachet revendiqué par Al Qaîda. Mais cela pourrait être aussi interprété comme le geste désespéré d'une bête sérieusement blessée. Et si Al Qaîda a bien réussi à s'implanter en Afghanistan et au Soudan, deux pays où Oussama Ben Laden avait séjourné, cela constituerait un haut risque pour le Maghreb, car c'est depuis le Soudan que cette organisation comptait lancer ses opérations terroristes au Maghreb. La stratégie, à en croire certaines sources, est de placer d'abord des cellules au Sahel notamment, au Tchad et au Mali, mais aussi dans le Sud algérien, en s'appuyant sur l'aide des trafiquants d'armes qui activent dans la bande sahélo-saharienne. C'est l'enjeu de taille d'Al Qaîda au Sahel. Une chose est sûre, les Mauritaniens et l'ensemble des services de sécurité des pays maghrébins ne doivent négliger aucune piste. Du côté algérien, certaines sources incriminent le nouvel «émir» de la «zone9», Yahia Djouadi, dans l'agression terroriste contre une caserne mauritanienne qui a fait 3 victimes parmi les soldats.