Deux des trois assassins présumés, arrêtés vendredi dernier, auraient suivi des entraînements militaires dans les maquis du Gspc. Les services de sécurité algériens étaient sur la bonne piste. Deux des trois terroristes présumés à l'origine de l'assassinat des touristes français, le 24 décembre dernier, en Mauritanie, «sont proches» de la nébuleuse Al Qaîda, s'accordent à dire les autorités mauritaniennes. Les deux assassins présumés ont été arrêtés, vendredi dernier, en Guinée-Bissau. Immédiatement, les Mauritaniens les ont considérés comme des éléments d'Al-Qaîda au Maghreb, et donc proches du Gspc (groupe salafiste pour la prédication et le combat) de Abdelmalek Droukdel. Il y a de cela quelques jours, les premiers éléments de l'enquête des services de sécurité algériens présentaient le Gspc, sous les commandes d'un certain Yahia Djouadi, alias Abou Amar, émir de la «zone9», comme étant à l'origine de l'attentat de novembre 2007 contre l'aéroport de Djanet, mais aussi de celui contre un cantonnement militaire au nord de la Mauritanie. Au moment où les enquêteurs mauritaniens continuaient à écarter de la piste l'organisation de Ben Laden, de crainte de voir le Rallye Paris/Dakar annulé, des sources sécuritaires nous ont indiqué que les enquêteurs algériens étaient sur la seule piste du Gspc. Aux yeux des enquêteurs algériens, la corrélation entre ces deux agressions et celle contre les touristes français, tués à Aleg (250km de Nouakchott), existait bel et bien. Quelques jours plus tard, deux des trois assassins présumés des touristes français ont été considérés comme des proches d'Al Qaîda. Sidi Ould Sidna, alias Abou Jendel et Mohamed Ould Sidi Chabarnou, alias Abou Mouslim ou Abou Soulema, puisqu'il s'agit d'eux, d'origine mauritanienne, auraient suivi des entraînements militaires dans les maquis du Gspc. Le premier, en l'occurrence Sidi Ould Sidna, avait été arrêté en novembre 2006 pour appartenance à un groupe terroriste. Abou Jendel était notamment chargé du recrutement de jeunes mauritaniens qui devaient aller combattre en Somalie. Quant à Mohamed Ould Sidi Chabarnou, à en croire la police mauritanienne, il aurait eu des relations avec le Gspc. Actif depuis plusieurs mois sur la bande sahélo-saharienne, le Gspc n'en est pas à sa première sale besogne en Mauritanie. Mokhtar Benmokhtar, le prédécesseur de Yahia Djouadi, était, lui aussi, le pilote de l'attaque de Lemgheity, le 4 juin 2005, contre une caserne de l'armée mauritanienne qui a fait 18 morts parmi ses soldats. Mokhtar Benmokhtar n'hésitera pas à confirmer par la suite son implication dans cette affaire et ce, dans une interview publiée dans le n°7 de la revue du Gspc Al Jamaâ. Selon des sources sécuritaires, l'activité du Gspc au Sahara répond aux besoins d'alimenter les maquis en armes et en explosifs et s'inscrit ainsi dans la stratégie d'Al Qaîda qui consistait à privilégier les attentats suicides et à la voiture piégée. Il est donc évident que le Gspc et ses éléments sont en contact direct avec les trafiquants d'armes au Sahel, ce qui implique inévitablement la Mauritanie. Ces attaques ne font que confirmer une fois de plus une connexion solide entre les membres du Gspc et les réseaux de trafic d'armes et de drogue. Une chose est sûre, la nébuleuse Al Qaîda, pour mémoire, n'avait jamais caché ses intentions de lutter contre l'ensemble des régimes arabes. Au Maghreb, c'est le Gspc qui est appelé à assumer la sale besogne. Et si l'organisation de Ben Laden a bien réussi à s'implanter en Afghanistan et au Soudan, deux pays où Oussama Ben Laden avait séjourné, cela constituerait un haut risque pour le Maghreb, car c'est depuis le Soudan que cette organisation comptait lancer ses opérations terroristes au Maghreb. La stratégie, à en croire certaines sources, est de placer d'abord des cellules au Sahel, notamment au Tchad et au Mali, mais aussi dans le Sud algérien, en s'appuyant sur l'aide des trafiquants d'armes qui activent dans la bande sahélo-saharienne.