Alors que les potentialités humaines et naturelles existent en Algérie, la bonne gestion manque. En dépit de sa bonne santé financière, la sécurité alimentaire de l'Algérie demeure fragile. Jamais cette épée de Damoclès n'a été aussi présente. Les experts économiques internationaux se disent préoccupés. Ils tirent même la sonnette d'alarme. Alors qu'ils avancent leur hypothèses, dont les premiers indices sont déjà perceptibles sur le terrain, ces experts se basent sur l'envolée des prix de nombreuses denrées alimentaires qui sont à leur plus haut, et les réserves au plus bas depuis 25 ans. Dans son étude, publiée mer-credi dernier, le Forum économique mondial signale que «l'approvisionnement alimentaire mondial est vulnérable à une crise internationale ou à une catastrophe naturelle». Aux Etats-Unis d'Amérique, perçus comme l'un des plus grands producteurs de céréales dans le monde, les prix ont connu une augmentation de 90% pour le blé, 80% pour le soja, et 20% pour le riz. En 2008, le stock de blé aux States atteindra son plus bas niveau, jamais atteint depuis 60 ans. Durant l'année 2007, les prix du blé sur les marchés mondiaux ont augmenté de 50%. Selon l'étude menée par le Forum économique mondial, auprès d'une centaine de hauts responsables politiques, économiques et universitaires, le Royaume-Uni semble parmi les plus menacés par la crise du fait de l'importance de son impact négatif sur le secteur financier dans ce pays. En Europe centrale et orientale, les déficits commerciaux de plusieurs pays pourraient s'avérer insupportables en 2008, selon l'étude. Même si la présente étude ne cite pas l'Algérie, il n'en demeure pas moins que notre pays subira irréversiblement toute crise pouvant survenir à l'échelle planétaire. D'autant plus que le pays est tributaire des marchés internationaux. Ce qui rend sa sécurité alimentaire plus menacée que jamais. Et le paradoxe de cette situation est que les responsables algériens n'ont, du moins pour le moment, prévu aucune solution applicable, à court ou à long terme, afin d'éviter une quelconque situation de crise. La production nationale, qui est actuellement au trente-sixième dessous, ne peut être améliorée du jour au lendemain. Avec les alertes des experts internationaux, on persiste dans les déclarations qui, au bout du compte, ne relèvent que de l'abstrait. Car, l'application de toutes les mesures annoncées -l'importation de 50.000 vaches laitières, le Programme national de développement agricole (Pndra)...- ne semblent pas atteindre les objectifs escomptés. La preuve, le gouvernement algérien continue de subventionner les produits alimentaires de première nécessité, importés à raison de milliards de dollars, alors que ces sommes astronomiques devaient être injectées à titre de soutien à la production agricole locale. D'autant que l'Algérie dispose d'énormes potentialités humaines et de conditions naturelles propices, pour ce faire. Mais à l'évidence, c'est la bonne gestion qui manque le plus.