Pour peu qu'on leur fasse confiance et qu'on les mette sur les rails... C'est l'un des rares événements littéraires de l'année. L'unique, de dimension nationale. Il a eu lieu à la Bibliothèque nationale et est attendu, à la fois, avec angoisse et tranquillité par les participants et l'assistance. A la clé? La gloire, la postérité, la consécration, de grands tirages et un chèque...La quatrième édition du prix Malek Haddad pour le roman a récompensé, dimanche dernier, deux jeunes écrivains algériens, en présence de la romancière algérienne Ahlam Mostaghanemi, initiatrice de ce prix en 2001. Cet écrivain, qui dissimule à travers ses romans, un père fantastique qui «hante» sa plume. Malek Haddad, né le 25 juillet 1927 à Constantine, pérégrinera à travers les quatre coins du globe. Autant d'escales que de repères dans le parcours de cet écrivain, qui s'est d'abord révélé poète. Son premier recueil Le Malheur en danger paraît en pleine guerre de Libération, alors que le second, Ecoute, je t'appelle, sort en 1961. Entre-temps, il écrira quatre romans: La dernière impression, Je t'offrirai une gazelle, L'élève et la leçon et Le quai des fleurs ne répond plus. Auparavant, il a entamé des études en droit. Après un bref passage dans l'enseignement, il abandonne pour écrire et collaborer dans plusieurs revues. Conférencier et diplomate, il effectuera de différentes missions au nom du FLN, pour porter dans différents pays la voix de l'Algérie combattante. Après 1962, il participe à la création de la presse nationale. S'engageant dans la politique, il assume plusieurs postes de responsabilité. Il décède à Alger le 2 juin 1978. Cette initiative pour la promotion de l'activité culturelle algérienne n'est que la plus belle des ambitions de voir d'autres talents aux formidables aptitudes et capables de magnifiques prouesses reprendre goût à l'écriture...pour peu qu'on leur fasse confiance et qu'on les mette sur les rails. Ce prix de 15.000 dollars, sponsorisé par l'Entv et l'Office national des droits d'auteur et des droits voisins (Onda), a échu à Kamel Kerour pour son roman d'expression arabe Terras, l'épopée du chevalier disparu et à Abir Chahrazed pour son roman Le carrefour des époques. Intervenant au nom du jury du prix, la critique littéraire libanaise, Dr Youman Aïd, a expliqué ce choix par la pertinence des deux oeuvres, augurant de par la qualité de l'écriture et la maîtrise des techniques du récit des romanciers lauréats, d'une riche production littéraire. Pour sa part, la romancière, Ahlam Mostaghanemi, a estimé que «la réussite de ce rendez-vous est qu'il ait résisté pendant huit ans à l'indifférence», ajoutant qu'«il est temps d'aider les jeunes créateurs à produire dans le champ culturel». Intervenant lors de la cérémonie de remise du prix, le directeur général de l'Entv a annoncé l'augmentation de la valeur du prix Malek Haddad pour cette année de 500.000DA. La situation prend, actuellement, une ampleur qui se traduit par une compréhension mutuelle au sein des parties concernées, particulièrement. Encore faut-il dire que cette compréhension est au stade embryonnaire. Les dirigeants se rendent compte que la jeunesse étant l'assurance même de cette dynamique, sa présence et sa considération s'avèrent incontournables, et pour leur part, les jeunes se rendent à l'évidence que la jeunesse n'est pas uniquement liée à la question d'âge, mais aussi à celle des idées. D'où la nécessité de combiner harmonieusement différentes générations, afin de garantir, d'une part, la dynamique, l'audace et l'énergie nécessaires à la vie d'une nation et de l'autre, la sagesse, la pondération et la retenue requises pour faire évoluer la culture en général et le roman en particulier.