Le chômage entraîne une dévalorisation sociale des diplômes, pousse à une ‘'réinsertion'' dans l'informel et accentue le désir de ‘'tenter sa chance''. 5- Jeunesse et sport: Les activités sportives constituent une forme d'expression privilégiée de la jeunesse. Elles sont aussi un vecteur de communication porteur de valeurs d'effort, de persévérance, d'autodiscipline, de fair-play, d'esprit d'équipe, d'amitié et de solidarité, et constituent par là même, un puissant levier pour enrayer l'intolérance, la ségrégation, la violence et la marginalisation dont sont victimes les jeunes, surtout en milieu urbain. Les activités et les manifestations sportives, placées sous le signe de la fête et de la solidarité, permettent aussi aux jeunes de vivre une meilleure qualité de vie. Le rapport «L'Education, un trésor est caché dedans» de la commission de l'Education pour le XXIe siècle, n'a pas manqué de souligner l'importance de l'éducation physique et du sport dans le système éducatif et de la formation tout au long de la vie. L'accès des jeunes aux pratiques sportives et la promotion de ses valeurs éthiques sont plus que jamais d'actualité. Est-ce possible...au niveau d'un secteur qui est en «échec durable?» pour reprendre les termes du président de la République. 6- Jeunesse et environnement: L'action de la jeunesse en faveur de la protection de l'environnement est appelée à devenir très importante. Les jeunes doivent prendre conscience de l'importance de cette question et se mobiliser en conséquence. L'accent devra être mis sur la formation et la sensibilisation écologique, l'insertion professionnelle et l'ouverture de nouvelles alternatives d'emploi. Du reste, l'engagement de l'Algérie pour les objectifs du millénaire pour le Développement durable milite en faveur d'actions majeures dans le domaine de l'environnement. Le ministère actuel a accompli des efforts louables dans ce sens et mérite une assistance et un soutien plus grands dans la réalisation à moyen et long termes d'un programme d'action spécifique «Jeunesse» Décennie en vue du développement durable La Décennie des Nations unies pour l'éducation en vue du développement durable a été proclamée, depuis le 1er janvier 2005. Le projet de plan international de mise en oeuvre du programme de la Décennie définit un cadre assez large dans lequel tous les partenaires pourront jouer un rôle dans la mise en oeuvre de cette Décennie. Pour peu que certaines conditions soient réunies, la jeunesse algérienne est capable de joindre son dynamisme et son engagement pour contribuer à la protection de l'environnement tant au niveau national qu'international. 7- Jeunesse et pauvreté: En Algérie, lors d'une récente réunion consacrée à la jeunesse, le président de la République, abordant la situation précaire d'une grande partie de la jeunesse et la crise de confiance qui s'installe entre les jeunes et les pouvoirs publics, soulignera: «Les 2400 harragas recensés et les kamikazes d'Alger, de Lakhdaria, de Batna et de Dellys pourraient devenir bien plus nombreux, si l'on n'y prenait garde». Le constat alarmant fait par le président de la République lors de cette réunion, la gravité des problèmes soulevés, laisse supposer qu'ils seront suivis, très rapidement, par des décisions peu compatibles avec les récurrentes actions conjoncturelles et ‘médiatiques'. Ce qui est remarquable, à ce niveau, c'est le chômage des jeunes de moins de trente ans dont la tendance est à la hausse (72% en 2003 et 73% en 2004) et qui touche un nombre important de diplômés de l'enseignement supérieur et de la formation professionnelle. Cette situation entraîne une dévalorisation sociale des diplômes, pousse à une «réinsertion» dans l'informel et accentue le désir de «tenter sa chance» sous d'autres cieux. Une récente information reprise par la presse nationale, nous a appris que l'agglomération d'Alger ne compterait pas moins de «40.000 bidonvilles». D'ici 2030, toutes les villes du monde en développement, grandes et petites, abriteront 81% de la population urbaine de la planète; 90% de ces habitants vivront dans des taudis. Lors de la quatrième session du Forum mondial du système des Nations unies pour la jeunesse en l'An 2000 et du Sommet mondial pour le développement social en 1999, l'ensemble des pays se sont engagés à formuler et à appliquer des stratégies qui donneraient aux jeunes, partout dans le monde, une chance réelle de trouver un travail décent et utile. Cet engagement sera ensuite inscrit au nombre des objectifs du Millénaire pour le développement. Stratégie en faveur de l'emploi des jeunes Un groupe d'experts désignés par le secrétaire général des Nations unies élaborera, en 2001, des recommandations articulées autour des quatre priorités stratégiques mondiales que sont: l'aptitude au travail, l'esprit d'entreprise, l'égalité des chances et la création d'emplois. Ces dix dernières années, la communauté internationale a cherché, plus activement, à remédier au chômage des jeunes. Le Réseau pour l'emploi des jeunes apporte aujourd'hui son aide à 10 pays chefs de file, résolus à mener des stratégies nationales en faveur de l'emploi des jeunes, ainsi qu'à un certain nombre d'autres pays qui s'apprêtent à en faire autant. Le manque de données ventilées par tranches d'âge, et le fait que la plupart des études sur la pauvreté ne sont pas spécifiquement axées sur les jeunes, continue de faire obstacle à une analyse approfondie des caractéristiques propres à la pauvreté chez les jeunes. Les nombreuses expériences initiées au niveau international, peuvent enrichir grandement la réflexion et les actions qui pourraient être menées en Algérie. 8- Les jeunes, la tolérance et la culture de la paix: Selon le rapport de la Commission internationale de l'éducation pour le XXIe siècle, apprendre à vivre avec les autres est un des enjeux majeurs dans un monde confronté à la résurgence de la violence. En développant la découverte et la compréhension de l'autre et la perception des interdépendances, en réalisant des projets communs, dans le respect des valeurs de pluralisme, de compréhension mutuelle et de paix, les activités de jeunesse offrent à cet égard un vaste champ d'action pour l'éducation pour la paix. Ces activités doivent prendre le relais de l'école pour initier les jeunes à des projets communs dans les domaines sportifs, culturels et sociaux afin qu'ils se sentent responsables de leur environnement et de la communauté à laquelle ils appartiennent. Dans des sociétés en pleine mutation, le problème n'est plus tellement de préparer les jeunes à une réalité sociale immuable, mais de leur fournir les repères intellectuels et éthiques leur permettant de comprendre le monde qui les entoure et d'agir en tant qu'acteurs responsables. Afin de dispenser une telle éducation, il faut tenir compte du caractère transdisciplinaire de son contenu, qui englobe à la fois des questions liées aux droits humains, à la démocratie et au pluralisme culturel. Les jeunes ont ainsi un rôle essentiel à jouer dans la promotion de la culture de la paix et de la démocratie. 9- Jeunesse, santé et VIH/sida: Plus de 6000 jeunes sont, chaque jour, contaminés à travers le monde par le virus. Le risque d'infections du VIH sida étant directement associé au comportement individuel, il est indispensable que les jeunes bénéficient d'informations et d'une éducation préventive, afin de réduire le risque de contamination. La crise du sida continue de prendre de l'ampleur, sans aucune solution médicale en vue. Une politique de prévention au sein de la jeunesse doit être au coeur des préoccupations afin d'encourager des attitudes propres à freiner l'expansion de l'épidémie et ses effets dévastateurs. Seul un consensus sur les enjeux et les actions à entreprendre, notamment au niveau de la jeunesse, peut permettre d'améliorer l'efficacité et la rapidité des actions visant à limiter la progression et les effets du VIH/sida. Technologies de l'information et de la communication (TIC) La révolution dans les technologies de l'information, grâce à laquelle les processus de mondialisation fonctionnent et s'accélèrent, modifie rapidement les cultures locales de la jeunesse tout en créant parallèlement un potentiel positif des TIC pour l'ensemble des jeunes. V- Quel regard sur l'avenir? A la lumière de ce qui précède, et des quelques points soulevés, découlent trois interrogations fondamentales: - Comment être mieux à l'écoute des jeunes? - Comment renforcer le partenariat avec les jeunes? - Comment atteindre ces objectifs? La participation des jeunes à la prise de décision est unanimement reconnue dans le monde, comme une nécessité incontournable. Le devenir de la jeunesse doit être plus que jamais au coeur de l'action gouvernementale et de toutes les institutions nationales. Cette reconnaissance appelle en premier lieu à la mise en place d'un Conseil national, des conseils de wilaya et communaux de la jeunesse comme des outils privilégiés de participation des jeunes. L'efficacité et la crédibilité de ces conseils imposent d'éviter qu'ils ne soient, une fois de plus, des mécanismes d'appoint clientélistes, voire de simples faire-valoir issus d'opérations de cooptation. Lieux d'écoute et d'échanges entre les jeunes et le corps politique, les conseils de la jeunesse doivent permettre, en priorité, aux jeunes d'être associés activement à la formulation, à la mise en place et à l'évaluation des décisions publiques qui les concernent. Il s'agit d'instruments permettant de mobiliser les différentes parties concernées par la planification et la réalisation des programmes en faveur de la jeunesse. Pour avoir de meilleures chances de réussite, la politique nationale en faveur de la jeunesse nécessite un environnement riche de possibilités et un cadre général suffisamment flexible pour permettre l'implication d'un grand nombre d'acteurs. Toute politique en faveur de la jeunesse doit se baser de manière stricte et non équivoque sur une compréhension nationale de l'opinion de la jeunesse. C'est uniquement à cette condition qu'il sera possible d'élaborer une politique susceptible d'être couronnée de succès auprès des jeunes concernés. Si elle ne remplit pas cette condition, comment peut-elle en remplir d'autres? Si les objectifs de la politique en faveur de la jeunesse doivent être fixés via un processus de consultation au niveau national, les objectifs stratégiques généraux devront être déterminés au préalable. Ces importants objectifs stratégiques apparaissent ainsi comme étant de nature normative, ils sont issus des principes et des valeurs soutenant cette politique et ils servent de base à la logique qu'elle nécessite. Pour être réussie, l'intégration de la politique en faveur de la jeunesse nécessite l'implication de toutes les institutions et de tous les ministères concernés lors de la phase de formulation, ce qui assurera ainsi une certaine collaboration lors de la mise en place de la politique. Le Conseil national de la jeunesse: composé de membres dont il faudra déterminer le nombre et la qualité, le Conseil national de la jeunesse (CNJ) aurait pour missions de: 1- Promouvoir la politique de la jeunesse 2- Développer des plans d'action et des projets spécifiques 3- Créer des mécanismes appropriés pour la mise en oeuvre et la coordination de la politique, 4- Garantir la participation des jeunes dans la mise en oeuvre des projets 5- Créer des espaces multiples pour la participation des jeunes 6- Impulser les conseils locaux de la jeunesse 7- Organiser un site Internet pour les conseils de la jeunesse Les jeunes au sein des conseils: Il serait fait appel à des jeunes élus par leurs pairs et engagés dans la vie publique, acteurs publics, partenaires associatifs, syndicats, universitaires et divers autres organismes impliqués dans les politiques de jeunesse, mises en oeuvre par l'Etat. Plus un(e) jeune dispose d'opportunités de participation importantes, plus il (elle) devient expérimenté(e) et compétent(e); plus sa participation sera effective et favorisera, en retour, le développement durable. Devant une jeunesse qui a perdu confiance en elle-même, voire en son pays, une exigence historique commande de lui redonner espoir à travers, notamment, un véritable programme national spécial jeunesse dont l'urgence, l'importance et la réalisation sont capitales pour la stabilité et l'avenir de l'Algérie. Un programme qu'il serait souhaitable de placer directement sous la plus haute autorité de l'Etat; pour que la politique nationale de la jeunesse soit effectivement une priorité de fait et de réalité. (*) Le titre de cette étude est de la rédaction (**) Consultant, ancien responsable de l'éducation préventive et du sport à l'Unesco.