Les Black stars vont jouer aujourd'hui l'un des matches les plus importants de leur histoire. A quelques heures de sa demi-finale contre le Cameroun, le Ghana sent l'effervescence et la tension monter au fil des heures même si ses Black Stars, loin de faire preuve d'assurance depuis le début de la CAN-2008, doivent faire face à plusieurs contretemps, à commencer par l'absence du capitaine John Mensah, suspendu. «Ghana, do or die (Ghana, à quitte ou double, ndlr)». Le couplet d'une célèbre chanson locale à la gloire de la sélection du pays hôte a le mérite de la clarté. Alors que les deux dernières CAN se sont conclues par la victoire du pays organisateur (Tunisie en 2004 et Egypte en 2006), aucun Ghanéen n'ose imaginer une autre issue et souhaite poursuivre jusqu'au bout les effusions de joie et ces longues soirées qui accompagnent chaque succès de son équipe. Le Ghana attend son tour depuis trop longtemps (1982) pour vouloir laisser passer une aussi belle occasion. A tel point qu'une sorte de paranoïa semble s'être emparée de l'encadrement ghanéen, à commencer par l'entraîneur Claude Le Roy. Le sélectionneur français n'a toujours pas digéré le penalty sifflé contre sa formation en quart de finale et surtout l'exclusion de Mensah à l'heure de jeu. Déjà privé de son capitaine emblématique Stephen Appiah, forfait sur blessure pour cette CAN, le Ghana devra se passer de son successeur pour la dernière ligne droite de la compétition. «Je considère John comme l'un des cinq meilleurs défenseurs du monde et perdre un joueur de cette qualité est une énorme perte. Je ne sais pas s'il méritait son carton rouge. L'arbitre l'a sorti très rapidement. Ce n'était pas très clair», estime le Français, oubliant la faute de marquage de son arrière, qui a laissé filer dans son dos le Nigérian Odemwingue avant de le faucher irrégulièrement. «Quoi qu'il en soit, j'ai 23 capitaines dans mon groupe», ajoute-t-il. Cette défection tombe pourtant très mal pour des Black Stars qui, hormis leur match contre le Maroc (succès 2-0), n'ont jamais affiché une grande solidité et dépendent encore trop du rendement de leur doublette magique Essien-Muntari. Et que dire d'un secteur offensif où Asamoah Gyan continue de traîner son mal-être après avoir menacé de quitter la sélection, lassé des critiques touchant lui et son frère Baffour? Le costume du sauveur est désormais porté par Agogo dont le nom a été scandé jusqu'au bout de la nuit par les supporteurs ghanéens après son but décisif, le deuxième dans cette CAN, contre le Nigeria. La ferveur populaire qui les entoure constitue pour le moment la seule certitude à laquelle peuvent s'accrocher les Black Stars. Alors que les enceintes de Sekondi, Kumasi et Tamale sonnent désespérément creux depuis le début de la CAN, le stade Ohen Djan d'Accra affiche complet à chaque sortie du Ghana, avant le déferlement des supporters dans les rues, aux quatre coins du pays.