Une crise cardiaque a terrassé l'infatigable syndicaliste dans une salle de cours. Les héros ne meurent jamais. En commémorant le 5e anniversaire de sa mort, le Conseil des lycées d'Alger (CLA) a rendu, jeudi dernier, un vibrant hommage à la mémoire du grand syndicaliste autonome, feu Osmane Redouane. Dans une salle archicomble au Foyer des cheminots d'Alger, les hommages se sont poursuivis entre lycéens, enseignants, syndicalistes et personnalités, chacun à sa manière pour marquer son estime et sa reconnaissance. «Liberté, dignité, solidarité», est la devise du CLA, organisation syndicale autonome créée en janvier 2003. Luttant sur plusieurs fronts, notamment une grille des salaires injuste et un pouvoir d'achat en chute libre, la première grève de ce syndicat a eu lieu les 17, 18 et 19 février 2003. Depuis, le fervent syndicaliste a sillonné la capitale ainsi que les autres régions du pays comme un globe-trotteur, pour faire entendre sa voix et soutenir les contestataires des autres secteurs du travail. «C'est dans l'action que l'esprit syndical progresse», disait-il. «Réfléchir sereinement et décider efficacement», telle a été sa façon d'agir. «C'était une personnalité assoiffée de justice et de liberté», témoigne un de ses élèves, venu lui rendre hommage. «Bénie soit la femme qui a mis au monde un tel homme», lance encore une enseignante d'espagnol, soulevant un tonnerre d'applaudissements dans la salle. Farid Cherbal, universitaire et syndicaliste, a indiqué pour sa part: «Il avait 15 affaires en justice et 2 ans de contrôle judiciaire... malgré cela, il n'a jamais abandonné ses principes.» Chawki Salhi, président du Parti socialiste des travailleurs (PST) et ami du défunt depuis plus de 30 ans, a affirmé que «sa modestie fait sa grandeur». Quant au chercheur Dahou Djerbal, il a associé l'infatigable syndicaliste au «martyr, mort sur le champ de l'honneur». De son côté, Hocine Zehouane, président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh) a expliqué qu'«au-delà du travail gigantesque qu'il a accompli, Redouane avait la mesure sociale de tous nos problèmes. Nous devons prêter serment pour que son combat ne puisse pas s'éteindre». En pleurs, sa soeur Fouzia témoigne: «C'était plus qu'un frère...un ami, un camarade», disait-elle. «Mes parents avaient toujours peur pour lui...peur qu'on lui fasse du mal», poursuit-elle en sanglots. «Il était présent dans tous les mouvements de contestation. Même s'il fallait être dans une association de femmes, il l'aurait fait», faisant allusion à son ardeur pour un combat juste. Décédé un certain samedi 15 décembre 2007, à l'âge de 56 ans, des suites d'un arrêt cardiaque, provoqué par un surmenage, le destin a voulu qu'il meure en pleine salle de cours, un bout de craie à la main. Natif du quartier mythique de Bab El Oued (Alger), l'enseignant de français vivait avec ses parents. Il est parti sans dire adieu. «Oui, je suis un célibataire endurci parce que j'ai consacré ma vie à mes enfants qui sont mes élèves», disait-il.