La nouvelle est tombée hier comme un couperet dans les salles de rédaction où il compte de nombreux amis : Redouane Osmane est mort. Il est mort à l'ouvrage, la craie à la main. Selon des témoignages, celui qui a fait du CLA un acteur incontournable dans la famille de l'éducation était en train de faire son cours, quand soudain il fut pris d'un malaise. Il s'est assis à son bureau. Malheureusement, il ne se relèvera plus pour continuer son cours. Redouane Osmane est un véritable personnage, grand sportif qui affectionne la natation, le jogging et surtout la marche qui le mène souvent du lycée Emir-Abdelkader à l'Académie, à la Maison de la presse. Et toujours flanqué de son sac rempli de déclarations du CLA. Redouane Osmane est un militant qui a un parcours politique et syndical. Face à la dégradation du niveau de vie de la corporation des enseignants, dont il fait partie lui-même en tant que professeur de français au lycée Emir-Abdelkader, il a lancé avec des amis le Conseil des lycées d'Alger (CLA) qui s'imposera rapidement sur le terrain comme le syndicat majoritaire des enseignants du secondaire, déçus par l'allégeance de la FNTE aux autorités. C'est le CLA et à sa pointe Redouane Osmane, en militant désintéressé, qui sera derrière les dernières grèves dans le secteur de l'éducation. Redouane Osmane, sur qui les tentatives de récupération et d'intimidation n'ont pas eu d'effet, a placé au cœur de son combat la dignité des enseignants. Sa mort survient, alors qu'un des chantiers pour lesquels il s'est donné à fond, à savoir la révision du statut des enseignants du secondaire, est en passe d'aboutir. Il quitte donc la famille de l'éducation avant de toucher son nouveau salaire. Mais avec son sourire et ses colères, Redouane Osmane incarne tout à la fois, la dignité et l'honneur de l'enseignant algérien. Àdieu Redouane ! N. S.