Déposées dans des sacs en plastique, elles étaient à vingt mètres l'une de l'autre. Deux bombes artisanales de faible puissance ont explosé simultanément, hier, à 7h45 min. en plein centre de Birkhadem, faisant neuf blessés, dont un grièvement. Les deux bombes, déposées dans des sacs en plastique, ont explosé à vingt mètres l'une de l'autre. La première bombe a été placée derrière le kiosque de la placette; la seconde, près des arrêts, à une heure où tout le monde prend le bus pour rejoindre son travail et ses cours. Le bilan de ces deux bombes n'a, heureusement, pas été lourd: neuf blessés dont un grièvement. La panique, qui s'est emparée des citoyens, qui couraient dans tous les sens, a été amplifiée par le retentissement des sirènes des ambulances qui ont rapidement évacué les blessés au centre hospitalier de Mustapha-Bacha. Une heure après, vers 9h, une pluie fine avait déjà tout balayé. Les gens vaquaient à leurs occupations, et n'était la présence de deux Patrol de police des deux côtés de la rue, en face de l'APC, rien n'indiquait que les artificiers de la mort étaient passés par là. Près du kiosque, dans un des panneaux poubelles, un parapluie déchiqueté. Probablement par l'explosion. «Il appartenait à une vieille femme qui se trouvait près de la bombe, posée aux arrêts de bus», nous informe un jeune qui habite la rue des Frères Djilali. Dans l'après-midi, huit des neuf personnes admises à l'hôpital le quittent, après avoir reçu les soins nécessaires. Une seule personne est gardée en observation, et son état de santé est jugé critique. Selon le témoignage d'un parent d'un jeune homme qui figurait parmi les blessés, la plupart ont été «touchés par des éclats et des fragmentations de la bombe qui a explosé aux arrêts de bus. Les membres ont été les plus exposés à ces éclats, une seule personne, évacuée à l'hôpital, a été touchée au visage». Ces deux bombes relancent le débat sur la reprise des activités terroristes en milieux urbains, en même temps qu'elles impriment sur le visage des citoyens d'Alger un vague sentiment d'appréhension. Depuis le début de l'année, Alger et sa proche périphérie sont soumises à d'épisodiques alertes à la bombe. Ayant explosé ou désactivées à temps, ces bombes sont, à chaque fois, comme autant de signaux à décrypter. L'approche des élections législatives a-t-elle un lien avec les attentats à la bombe? Ceux-ci obéissent plutôt à une courbe ascendante, mise en branle depuis plusieurs semaines. Avant-hier, à Fouka, une bombe artisanale a été désamorcée de justesse. C'est la dernière bombe posée avant de déplacer le danger à Birkhadem. Le 18 mars, les riverains de la Grande-Poste découvrent, effarés, que l'attentat à la bombe peut toucher le coeur d'Alger. Bilan: 15 blessés, dont trois grièvement. Depuis le début de l'année, les attentats à la bombe ont fait le «tour de la capitale», suivant le «croissant fertile» périphérique à Alger, c'est-à-dire les trois wilayas avoisinantes: Tipasa, Blida et Boumerdès. Les bombes ont explosé donc à Hadjout, Fouka, Blida, Bougara, Larbaâ, Rouiba et Aïn Taya, avant de «pénétrer» dans Alger. Cette volonté de transposer la peur de la périphérie au centre obéit à cette simple logique, à savoir que la capitale produit un «effet média» tout à fait exceptionnel, et se prête aisément, par voie de conséquence, à tous les jeux terroristes ou de manipulation. Pour revenir aux deux bombes de Birkhadem, rappelons qu'elles ont explosé dans le fief originel de deux ex-chefs du GIA: Chérif Gousmi et Djamel Zitouni, leaders de l'organisation entre fin 1993 et 1996. Birkhadem, comme beaucoup d'autres villes de la périphérie, continue à tenter les réseaux de soutien aux GIA. Justement, le danger terroriste ne viendra pas de ceux qui, disséminés dans les maquis, alimentent encore la tragédie au quotidien, mais bien de ces réseaux mi-dormants mi-actifs, qui se faufilent dans le tissu urbain pour perpétrer leurs attentats, et se fondre dans la grande foule éparse des villes.