Est-ce un énième rebondissement d'une polémique «virulente» opposant deux hommes d'Etat? Ou s'agit-il d'un simple différend dû à une mauvaise interprétation de leurs déclarations? Le ministre de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbès, vient de croiser le fer avec l'ex-chef de gouvernement Ahmed Ouyahia. En réponse aux propos tenus à Djelfa par le secrétaire général du RND, le ministre de la Solidarité nationale est sorti de sa réserve et reproche un manque de calme à M.Ouyahia au point de perdre son sang-froid. Contacté hier par L'Expression, à la fin de sa rencontre avec des associations françaises sur l'errance, le ministre n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour dire que ces «accusations» sont incompréhensibles. Considérant ces déclarations insignifiantes, le ministre de la Solidarité s'est dit étonné par les propos tenus par Ahmed Ouyahia. «Je ne comprends pas pourquoi Ouyahia a agi de cette façon?» s'est-il interrogé avant d'ajouter: «M.Ouyahia a perdu son sang-froid.» L'ex-chef de gouvernement a émis des réserves sur la politique prônée par le département de la solidarité nationale. Il est évident en effet, que la politique que mène l'actuel ministre de la Solidarité nationale n'est pas exempte de critiques. Mais ce qui étonne les observateurs, en revanche, c'est cette réplique de M.Ould Abbès. Aussi se posent-ils une série de questions en relation directe avec la situation politique actuelle. Pourquoi a-t-il choisi ce moment précis pour répliquer à Ahmed Ouyahia? Que cachent les propos de M.Ould Abbès surtout quand il parle des ambitions politiques de M.Ouyahia à la présidence de la République? D'ou vient un pareil ton de certitude du ministre de la Solidarité face à son ex-chef de gouvernement? A l'évidence, cet échange d'expressions de fébrilité entre deux responsables politiques aura des conséquences. Quoi qu'il en soit, Djamel Ould Abbès est sorti de sa réserve et donne sa version des faits. Il s'explique sur cette «polémique» qui vient d'être enclenchée. Plus précis, notre vis-à-vis a souligné que la politique que mène son ministère, depuis plusieurs années, ne se résume pas au couffin du Ramadhan distribué chaque année, ni aux 2000 dinars remis aux nécessiteux, comme l'a laissé entendre l'ex-chef de gouvernement. Dans cette optique, il convient de préciser que lors de son déplacement à Djelfa, ville choisie pour la célébration du 11e anniversaire de son parti, M.Ouyahia a indiqué que la prolifération de la pauvreté et la mendicité sont des indicateurs de taille qui illustrent l'échec du travail accompli jusque-là par le département de la solidarité. Avec un langage différent, M.Ould Abbès a jugé que les efforts déployés par son département dépassent cet aspect. Les différentes situations auxquelles le ministère de la Solidarité a répondu, dans l'immédiat, sont innombrables. Les inondations de Bab El Oued en 2001, le séisme ayant secoué Boumerdès et les wilayas limitrophes, l'intérêt accordé à l'enfance...et tant d'autres exemples. «Je ne fais qu'accomplir la tâche demandée par le président de la République, en tout honneur et fierté», a expliqué le ministre. En guise d'arguments, il a précisé que «je suis un soldat qui exécute (les instructions). Je travaille avec une feuille de route que je dois respecter, ni plus ni moins.» Les propos du premier responsable de la deuxième force politique du pays en l'occurrence le RND, sont-ils les premiers du genre? «Ce n'est pas la première fois que l'on voit Ouyahia tenir des propos pareils. Il l'a déjà fait lors de la campagne électorale. Mais à ce moment, c'était clair. Il était à la course aux sièges supplémentaires», explique M.Ould Abbès, d'un air serein. Peu après, le ministre a déclaré à L'Expression, que les deux hommes, lui et Ouyahia, qui «soutiennent le programme du président Bouteflika, doivent se soutenir plutôt que de s'embourber dans ce genre d'attaques», a-t-il ajouté. En termes plus précis, il a souligné que «ce sont des attaques fortuites qui ne riment à rien». En réagissant sereinement, le ministre met-il définitivement fin à cette polémique?