La mise en branle des préparatifs électoraux semblent avoir donné des ailes aux partis et autres personnalités. «Nous sommes là en notre nom personnel. Aucun de nous n'engage les partis ou les organisations qu'il préside ou représente», tels ont été les premiers mots prononcés hier par Ali Yahia Abdennour, au siège du parti de Hocine Aït Ahmed, au cours d'une conférence de presse conjointe avec Ahmed Djeddaï, Ahmed Taleb Ibrahimi et Rachid Benyelles à l'occasion de la publication d'une déclaration commune. Une sortie pouvant paraître étonnante, y compris pour les profanes. En effet, elle disqualifie de facto les poids non négligeables du FFS et du mouvement Wafa. Un mouvement qui, quoique interdit par le pouvoir, continue d'exister par la volonté de ses militants comme nous l'a déclaré hier Mohamed Saïd. Renseignement pris, cette manière de procéder était motivée par le fait que les deux autres signataires n'avaient pas de partis à mettre sur la balance. Pis encore, Ali Yahia Abdennour, en tant que président de la Laddh, aurait même pu tomber sous le coup de la loi qui, ne l'oublions pas, interdit aux organisations, associations et syndicats de faire de la politique. Ce groupe, a-t-on pu apprendre, préconiserait, une fois mis en position de force, des négociations avec les vrais décideurs du pays afin de mettre en place une véritable transition démocratique vers la démocratie. Cette initiative, qui a peu de chances d'aboutir et qui, en fin de compte, n'apporte rien de nouveau, intervient au lendemain d'une autre, initiée par le RCD de Saïd Sadi et le FD de Sid-Ahmed Ghozali. Une initiative qui propose une sorte de pacte national autour d'un minimum consensuel. Une autre sortie qui a dû en étonner plus d'un et qui se trouverait derrière la hâte prise par les «quatre» de rendre publique leur «mou- ture inachevée». Des leaders comme Sifi et Khatib, un autre ex-membre de l'ancien groupe des six, doivent se demander quel clan suivre, ou même si cela vaut le coup de suivre l'un ou l'autre des groupes. Car, il n'échappe à personne que ces deux initiatives ne sont pas les premières du genre. La mise en branle des préparatifs électoraux semblent avoir donné des ailes aux partis et autres personnalités. Chacun oeuvre à préconiser ses solutions et à tenter de drainer foule autour de lui, sans jamais admettre que tout ce remue-ménage n'est dû qu'à l'excitation des urnes. Il n'est, à ce propos, pas besoin de revenir sur l'intempestive et ridicule sortie de Chérif Belkacem. En revanche, il faut rappeler les initiatives, tout aussi «sérieuses» que celles qui sont soumises au peuple algérien, et qui, pourtant, ont fait long feu. Tout le monde se souvient du mémorandum du FFS adressé au président et aux décideurs, et du sort qui lui a été réservé. Tout le monde se souvient aussi de l'initiative du camp dit démocrate, le RCD, le MDS, le FD et même le CCDR et dont on n'a plus entendu parler. Enfin, qui ne se souvient pas de la proposition de refonte nationale émise par le Docteur Sadi et qui n'a servi qu'à remplir des journaux pendant un jour ou deux? Toujours est-il que l'initiative annoncée quelques jours auparavant par Ahmed Djeddaï dans une précédente conférence de presse semble vouloir tourner au vinaigre. Des absences de taille, annoncées auparavant, sont à signaler, comme Sid-Ahmed Ghozali, Mokdad Sidi et Tahar Benbaïbèche. Ces absences, a-t-on pu apprendre, sont surtout dues au fait que les (premiers) signataires se soient empressés de rendre publique leur déclaration au lieu de chercher à drainer plus de monde encore autour de lui. Interrogés à ce sujet, aucun des conférenciers n'a été en mesure de fournir une réponse convaincante. En revanche, tous se sont accordés à dire que la liste reste ouverte, que des contacts demeurent constants avec bien d'autres personnalités. Ahmed Djeddaï a, en revanche, tenu à préciser que ce genre de contacts n'est établi qu'avec les parties et politiques qui sont contre les législatives. En d'autres termes, aussi bien le PT de Louisa Hanoune que le MRN, parti d'un ex-membre de l'ex-groupe des six, ne sont concernés. Le plus grave c'est qu'en parcourant succinctement le contenu de la déclaration, on se rend bien compte qu'elle se termine sur un goût d'inachevé. En cherchant coûte que coûte à faire consensus autour d'elle, elle a servi, serait-on tenté de dire, à vider de sa sève le principe même fondateur des idées phares portées par les figures de proue de ce tout nouveau groupe. Les citoyens de même que les observateurs ont donc le droit de se montrer sceptiques par rapport au groupe des quatre et à celui des deux. C'est d'autant plus vrai que hormis le FFS, les «ex» du groupe des six n'ont plus donné signe de vie depuis leur fameux «manifeste des libertés» d'avril 99. Une autre initiative sans lendemain. Un autre indice tend à conforter cette thèse. Il s'agit du maintien des législatives à leur date comme nous l'avaient déjà déclaré Ahmed Ouyahia et Ali Benflis et comme le confirment la mise en place de la commission de surveillance des élections et l'installation, hier, des panneaux publicitaires destinés aux candidats.