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La Turquie et la Malaisie sont-elles des exceptions?
LES PAYS MUSULMANS ET LES DEFIS DE LA MODERNITE
Publié dans L'Expression le 06 - 03 - 2008

Chaque pays a ses spécificités, mais la clé est politique.
Face aux retards dans tous les domaines des pays musulmans, certains proposent d'imiter l'Occident rationaliste pour progresser. D'autres, au contraire, prétendent que le retour aux sources islamiques est la solution. Poser ainsi les problèmes est une forme d'irréflexion. Le développement dépend avant tout de la responsabilisation des citoyens, et non pas de l'imitation ou du passéisme. Même si évidemment personne, d'une part, ne peut faire l'économie des méthodes modernes universelles qui ont fait leurs preuves, et d'autre part, ne peut éviter de garder en vue ses racines. Les pays musulmans se débattent dans des problèmes sans fin et apparaissent comme les derniers sous-développés politiques de la planète. Les pays arabes en particulier, malgré leur hétérogénéité et différences, semblent, pour la plupart, incapables de se réformer et de sortir des impasses et autoritarismes dans lesquels ils se trouvent. Situation aggravée par les interventions et ingérences externes. La dégradation est alarmante. Pourtant, au moins trois d'entre eux émergent et démontrent qu'il n'y a pas de fatalité: la Turquie; la Malaisie, et l'Indonésie.
La Turquie
La modernisation de la Turquie sur qui circulent des préjugés, à cause de sa candidature à l'Union européenne, a pourtant commencé au XIXe siècle pour aboutir en 1925 à une accélération de l'histoire fondée sur la modernisation qu'Ibn Badis, à l'époque, avait lui-même applaudie. Sous l'autoritarisme sévère de Kamel Atatürk, la Turquie s'est engagée vers l'industrialisation et une sécularisation à outrance. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ce pays devient l'un des 51 membres fondateurs de l'ONU. Le multipartisme fut autorisé en 1946 et la volonté de se moderniser était forte. Très tôt, la Turquie pose sa candidature pour devenir membre associé de la CEE en 1957 et en 1963 un accord d'association est signé. Et les années 80 vont être décisives en ce qui concerne la démocratisation, contrôlée par les militaires arbitres. Le dernier changement constitutionnel en 1999 a permis d'équilibrer les pouvoirs et de renforcer l'Etat de droit, notamment sous l'influence de l'Union européenne.
Le pluralisme en Turquie est aujourd'hui une réalité. Les élections sont un exercice réel d'expression de la volonté citoyenne et le Parlement n'est pas une chambre d'enregistrement, d'âpres débats y sont tenus. Cela aussi se reflète dans le paysage médiatique: vingt-quatre chaînes de télévision en majorité privées et deux cent trente stations radios émettent. Les débats sur tous les sujets sont monnaie courante et ainsi les élites et la société pratiquent la diversité d'opinions comme une richesse et se sentent concernées par tous les défis internes et externes. De ce fait, la Turquie est devenue la 18e économie du monde. Vingt milliards de dollars d'investissements étrangers directs sont enregistrés chaque année par ce pays. Son taux de croissance est de l'ordre de 6,5% et la fuite des cerveaux est faible, même si une forte diaspora est installée en Allemagne.
Depuis l'acceptation de sa candidature en 1989, la Turquie tente de s'adapter aux standarts européens sur les plans économiques et juridiques, tout en respectant ses valeurs historiques et culturelles propres. Il a fallu attendre 1996 pour que l'union douanière entre l'Union européenne et la Turquie entre en vigueur. Sur le plan de sa diplomatie, elle tente de préserver une ligne d'équilibre, par exemple, membre de l'Otan, mais refuse de faciliter l'utilisation de ses bases militaires lors de la guerre d'Irak, la Turquie s'oppose à la guerre, le Parlement refuse de permettre le stationnement des troupes américaines sur le sol turc.
La Turquie tente aussi d'encourager le dialogue des civilisations et de gérer avec réalisme selon ses stricts intérêts nationaux; et non pas selon ses alliances; ses relations de voisinage avec l'Iran et Israël. Ses difficultés sont, sur le plan externe, l'impasse au sujet de son adhésion à l'Union européenne vu les entraves idéologiques de certains Etats européens, et sur le plan interne, les actions du parti du Kurdistan sécessionniste. L'actuelle offensive turque d'envergure au nord de l'Irak est une étape dans cette guerre perpétuelle. Les Turcs s'opposent en outre à un rattachement de la ville de Kirkouk (Irak), avec ses riches gisements pétroliers, au «Kurdistan» irakien au prétexte de l'existence dans cette ville d'une minorité turkmène et pour empêcher l'émergence d'un Etat kurde. Un consensus national est visible autour de ces questions. La force de la Turquie réside surtout dans son sens réaliste de l'ouverture démocratique interne irréversible, dans un cadre bien balisé, celui de la République et de l'attachement au libéralisme et la priorité à ses besoins économiques et sécuritaires; et non à l'exportation de son modèle, même si ce pays reste jaloux de ses relations avec certains pays d'Asie centrale. Certes, au sein de la société, des tensions apparaissent parfois entre les partisans d'une sécularité stricte et ceux soucieux de valeurs spirituelles, mais le clivage est assez bien intégré dans le paysage social et politique, les extrémistes restent plutôt minoritaires. Les violences des années soixante-dix ont quasiment disparu. Les acquis de la Turquie, par-delà ses limites et contradictions internes, sont encourageants, même si la situation régionale et le renvoi aux calendes grecques d'une éventuelle adhésion de la Turquie, par l'Union européenne, sont en partie responsables d'une certaine dégradation. L'Union européenne en 1999 avait pourtant accepté officiellement la candidature de la Turquie lors du Sommet d'Helsinki, et souligné la «vocation européenne» du pays, tout en fixant des conditions à son entrée que la Turquie accepte.
A cette situation de quasi-blocage, s'ajoutent le contexte régional qui est des plus négatifs, les tensions et violences s'accentuent au Moyen-Orient et les incertitudes dominent. Cependant, la bonne santé politique et économique permet pour le moment à ce pays de bien résister.
La Malaisie
La Malaisie, fédération composée de 13 Etats et 3 territoires fédéraux (Kuala Lumpur, Labuan, Putrajaya), monarchie constitutionnelle, est un pays démocratique où pluralité et unité se conjuguent. La réalité du pouvoir est exercée par le Premier ministre, responsable devant le Parlement fédéral élu. Ce pays a subi durant des siècles, l'influence ancienne de l'Inde. Ses commerçants introduisent l'hindouisme et le bouddhisme et convertissent les rois malais. L'Islam sera introduit dans le pays dès le XIIe siècle par des voyageurs et devient dominant depuis le XVe siècle. Après avoir connu les occupations portugaise, britannique et japonaise, la Malaisie est indépendante en 1957. La Malaisie en cinquante ans a fait des progrès sans précédent dans tous les domaines. Après des périodes instables; au début des années quatre-vingt un politique visionnaire et démocrate, le Dr. Mahathir Mohamad, est élu Premier ministre. Ses réformes consistent à organiser des ateliers de discussion et de travail dans tout le pays. L'esprit de réforme, de tolérance et de décentralisation gagne toute la société. La priorité est donnée à la réforme du système éducatif et à la recherche-développement. Dans ce contexte, la Malaisie est dirigée depuis 1957 par une coalition, appelée aujourd'hui Barisan Nasional («Front national»). En 1997, un accord entre le Premier ministre, le Dr. Mahathir, et les Muftis permet d'harmoniser les procédures d'application de la loi islamique dans les différents Etats de la Malaisie dans un sens de l'ouverture et de l'ijtihad, sunnite de rite shafi'ite. Sur le plan démocratique, le chef de l'Exécutif, le Dr. Mahathir, en 2003, décide de se retirer pour assurer l'alternance au pouvoir.
Grâce aux réformes éducatives et l'accent mis sur la valorisation des ressources humaines, la Malaisie connaît depuis son accession à l'indépendance une croissance soutenue de son économie, actuellement près de 6% par an. Sa population de 26,6 millions d'habitants, +2,6%/an en moyenne, soit triplement entre 1960 et 2005, a résorbé l'analphabétisme à 90%. L'impact de la crise asiatique, de la fin des années quatre-vingt-dix, sur le PIB en dollars, a été effacé dès 2003. Avec un taux d'épargne qui se maintient à un niveau élevé (35% du PIB) et malgré un taux d'investissement en diminution depuis la crise asiatique, la Malaisie dégage des excédents courants élevés, (15% du PIB en 2005). L'aspect le plus marquant de l'économie malaisienne est son internationalisation. Le commerce extérieur (importations plus exportations) représente plus de 200% du PIB. L'industrie: 50% et les services: 40% représentent les principales sources de revenus du PIB. Ce qui illustre sa modernisation. Le taux de chômage, selon les chiffres du BIT, est un des plus bas du monde: 3,1%.
Sur le plan de sa diplomatie, ce pays musulman vise en priorité son intégration régionale. Les orientations imprimées à la diplomatie malaisienne par le Premier ministre Mahathir, et aujourd'hui par Abdullah, Badawi depuis son arrivée au pouvoir ont été confirmées. La Malaisie a poursuivi son engagement en faveur de la construction régionale, notamment au sein de l'Asean, et qui demeure l'un des principaux axes de sa diplomatie. La culture asiatique forgée par des sagesses millénaires, bouddhistes, hindouistes, et les valeurs humanistes spirituelles musulmanes, alliées à un sens élevé de la discipline, de la valorisation des élites, du management objectif des moyens de production et un réalisme politique donnent à ce pays un cachet particulier fort intéressant. Il est possible d'allier authenticité et modernité. Chaque pays a ses spécificités, mais la clé est politique: veut-on ou non s'engager dans de vraies réformes qui misent sur les élites, l'éducation et la responsabilisation de tous les citoyens, loin de tous les mythes? Telle est la question.
(*) Professeur des Universités


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