Quoique le secteur des assurances en Algérie connaît depuis plusieurs années une progression continue dans son chiffre d'affaires, il demeure loin des normes appliquées par le système de Solvabilité II. «Il est impossible d'appliquer le système de solvabilité en Algérie. Notre système accuse un retard de 10 ans» a déclaré Abdelmadjid Messaoudi, hier, lors d'une conférence de presse organisée par le Conseil national des assurances à l'Institut algérien des hautes études financières. En présence de Gabriel Bernardino et Francisco Alves, professeurs à l'Institut des assurances du Portugal, le conférencier a mis en exergue l'évolution des assurances dans le monde. Mais c'est quoi le Solvabilité II? Ce nouveau système est à la fois un principe et un processus. Le principe est simple: chaque assureur et réassureur doit être à même de comprendre les risques inhérents à son activité afin de pouvoir allouer suffisamment de capital pour les couvrir. Le processus de la mise en place de ce principe est cependant beaucoup plus complexe. Il nécessite la participation de l'ensemble des autorités de contrôle de l'Union européenne ainsi que de celles de la Suisse, de la Norvège, du Lichtenstein et de l'Islande. Bien que les principes de base aient déjà été entérinés, il existe toujours des divergences concernant leur adaptation. L'objectif de ce système, selon Francisco Alves «doit d'abord commencer par la définition de l'objectif global». Pour l'installation de ce système, les risques à considérer et à mesurer dans l'ensemble du processus doivent être définis au préalable. Le management de la société doit fixer une mesure du risque et l'aversion de cette société au risque. «Actuellement, ceci n'est parfois pas explicitement défini ou, pour le moins, communiqué», a ajouté M.Alves. En d'autres termes, les objectifs de Solvabilité II, c'est d'accroître l'intégration et l'harmonisation du marché communautaire d'assurance et réassurance. En outre, ce système se veut un moyen de rehausser la compétitivité internationale des assurances et de réassureurs et enfin promouvoir l'amélioration de la législation communautaire. Selon M.Messaoudi, le régime de Solvabilité II se base sur «l'évaluation de l'actif et du passif basée sur des principes économiques sains et cohérents et sur l'exigence de capital fondé sur le risque». Notre interlocuteur s'est, également, étalé sur le principe de «la personne prudente», le système de gouvernance effectif, sur le processus de contrôle orienté vers le risque, sur l'information adéquate au marché et sur la supervision des groupes d'assurances. Afin de rattraper le retard, une mise à niveau des entreprises, surtout des mentalités, s'impose. «Le Solvabilité II ne doit pas être vu comme un exercice de complaisance. Il est surtout une opportunité pour améliorer le procès de gestion interne et l'efficacité des entreprises et du marché» a souligné M.Messaoudi. Selon les experts, les coûts d'adaptation du Solvabilité II doivent rester à des niveaux acceptables. Aussi, ce système doit être aussi simple que possible mais aussi complexe que nécessaire. Les systèmes parfaits n'existent pas.